Car voilà, Dion est une super-méga star du Doo Wop et du Rock'n'Roll des débuts, de la trempe d'un Elvis, d'un Lewis, d'un Buddy Holly (avec qui il devait partager l'avion qui a fait boum avant un empêchement de dernière minute) à qui on ne prête de l'importance que dans les années 50/60, avant une légère reprise d'intérêt chez certains nostalgiques lors des années 90.
Le reste? Un trou noir. Impossible de trouver de trouver le moindre album chez les disquaires en ligne, pas en ligne, les magasins d'occasion, en CD, en vinyle, en 78t, en cassette, sur les réseaux P2P... Oui, j'exagère un peu, mais un des albums les plus trouvables reste la collaboration de Dion avec Phil Spector en 1975, à qui l'on avait donné carte blanche pour travailler avec l'artiste de son choix.
Alors ça s'est fait...
Dion, qui à l'époque marchait sur l'eau mais n'en vendait pas une, accepta sans rechigner. Et ce fut la grosse catastrophe: des dizaines de musiciens, quinze guitaristes, trois batteurs, deux bassistes, un grand portanouac' généralisé (pour celui qui ne travaillait qu'en petit comité), Springsteen rendant visite pendant les sessions d'enregistrement pour un accueil plus que glacial de la part de Spector ce gros jaloux, des drogues alors que Dion avait décroché son aiguille du bras quatre ans auparavant. Tout ça pour un album qui ne sortira jamais nulle part, si ce n'est au Royaume Uni.
Et puis à la fin des années nonante, Dizzie Gillespie (le trompettiste des Primal Scream au teint de déterré) pose en une d'un gros canard anglais avec la pochette sur le coeur, un buzz se crée. Réédition. Les dithyrambes s'ajoutent aux flatteries: "a life changing experience" "absolutely stunning" "le disque qui est à ta vie ce que l'eau est au Ricard".
Personnellement je n'irai pas jusque là puisque j'ai toujours eu le plus grand mal avec les productions de Spector, un brin étouffe chrétien, et la plus grande tendresse pour les modulations et la finesse de la voix de Dion; et le moins que l'on puisse dire est que les deux ont plus ou moins tendance à ne pas très bien se compléter, voire à s'anhiler.
Un ratage donc? Oui mais un ratage magnifique, une boursouflure, un truc extraordinaire qui a un goût de reviens-y-malgré-toi, une merde au goût sublime, un album renié par ses propres auteurs.
Et puis c'est le seul de l'époque qu'on arrive à trouver dans le commerce.
Dion:
- Your Own Back Yard (MP3, retour désenchanté sur ses années aiguille)
- Only You Know (MP3)