J’étais complètement passé à côté de cette trilogie africaine signée Zidrou et Raphaël Beuchot. C’est seulement après avoir été totalement charmé par le second volet (Tourne-disque), que je me suis jeté sur ce premier récit des deux auteurs. Si les trois tomes ont pour cadre l’Afrique, chaque récit est néanmoins totalement indépendant des autres.
La vedette de ce one-shot est « Il était une fois », un marionnettiste manchot venu nous raconter l’histoire de Sans-Façon, un petit singe devenu incapable de grimper aux arbres et obligé d’affronter les dangers de la savane, dont le terrible Serpention. Le lecteur découvrira également celle de l’éléphant devenu baobab ou celle de l’enfant qui rêve que les termites le dévorent. Au milieu de tous ces contes qui s’enchevêtrent, les auteurs nous livrent l’histoire de Souleymane, le conteur aux mains coupées, qui se bat pour la liberté d’expression. Malgré l’interdiction, il va ainsi retourner dans son village natal afin d’y opposer son verbe à la tyrannie instaurée par le chef de la police locale.
Cette fable émouvante, poétique et terriblement cruelle est narrée avec humanité et tendresse, comme seul Zidrou sait le faire. Puisant dans les légendes de ces terres africaines, il livre une histoire d’amour et de résistance, pourvue de dialogues qui sonnent une nouvelle fois extrêmement juste.
Ce joli moment d’évasion et d’émotion est admirablement mis en images par Raphael Beuchot, dont le dessin semi-réaliste sert parfaitement le récit, tout en invitant au voyage.