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Positive Centre – Monad XIX

Publié le 02 septembre 2015 par Hartzine

Comment décrire la subtile polysémie de Monad XIX, troisième EP de Positive Centre, sans insister sur sa spatialité ? Loin des clichés à l’ambiance cosmique que revêt l’occurrence lorsqu’elle décrit de longues plages synthétiques modulées et ponctuées de beats au laser, le projet de Mike Jefford s’efforce de revenir à une évocation moins connotée et plus discrète, plus métaphysique du sentiment de solitude oppressante d’un astronaute kubrickien perdu dans le vide spatial autant que dans son propre espace intérieur, que seul le sang battant aux tempes avec une régularité étouffée dans Disappearing Trick empêche de perdre définitivement pied avec une réalité physique de moins en moins tangible.

En projetant l’auditeur brusquement et sans avertissement dans un décor interstellaire d’épaisses textures métalliques aux réverbs interminables, Jefford ne cherche-t-il pas d’abord à provoquer l’expérience quantique de la rencontre avec ce Great Excavator, alter-ego mécanique du Grand Architecte de l’Univers ? Dans une approche cartésienne de ce vertige des échelles entre le niveau atomique du Positive Centre et le conclusif Signal Structure, véritable onde sonore vrombissante et psychédélique de cinq minutes projetée comme un message sidéral aux confins du cosmos, Monad XIX joue sur la capacité humaine à tester les limites d’un environnement immédiat et rassurant, défini par trois dimensions spatiales et une temporelle, évoquée ici par la rythmique tantôt techno quaternaire de Great Excavator, tantôt dub hypno fracassante de Figure is the Form, morceau lobotomisant où le manque de pesanteur décompose les synapses au point de repousser le cerveau dans les sinus.

À la fois quantique et métaphysique, cherchant sa place entre tourment et apaisement, l’EP de Mike Jefford est une expérience sensorielle qui détourne les parangons de la techno pour en isoler un storytelling conscient et introspectif ouvert aux interprétations complexes grâce à un minimalisme étudié qui, en supprimant les lignes de basse et mélodies superflues, énonce un message direct et sincère, sans emphase stylistique, une simple corde parmi les autres, perdues dans la théorie.

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