Il s’agit en fait, au-delà de l’interdiction du tabagisme sur le lieu de travail, d’augmenter les salaires les plus faibles : l’analyse montre en effet qu’une augmentation de 10% des salaires conduit à une réduction de 5% du taux de tabagisme chez les hommes actifs, à niveau d’études secondaires ou moins.
L’équipe a évalué les données sur les salaires, le statut tabagique et de l’État de résidence d’employés à temps plein âgés de 21 à 65 ans participant à l’étude Study of Income Dynamics 1999-2009 Panel. Les participants de moins de 21 ans, à faible variation salariale ont été exclus de l’analyse. Ont également été exclus les participants qui n’avaient jamais fumé puisque l’objectif était d’évaluer l’impact du revenu sur le tabagisme. Les chercheurs ont rapproché les évolutions de salaire pour chaque année du taux de tabagisme l’année suivante.
Augmentation de salaire, baisse du tabagisme : l’analyse révèle :
· une prévalence du tabagisme inférieure pour les participants ayant des salaires plus élevés,
· un impact des augmentations de salaires sur la réduction du tabagisme chez les hommes et les participants à faible niveau d’études : une augmentation de 10% du salaire, pour les » petits salaires » est associée à une réduction de 5% du taux de tabagisme.
· Cette même augmentation améliore les chances globales d’arrêter de fumer de 17 à 20%.
· une absence d’impact du niveau de salaire sur le tabagisme des femmes,
· une absence d’impact d’un revenu supplémentaire dans le ménage, sur les taux de tabagisme des hommes.
Un faible revenu prédit de mauvaises habitudes de santé : L’équipe conclut que si le salaire n’a rien à voir avec les débuts du tabagisme, ces données confirment bien qu’un faible revenu prédit de mauvaises habitudes de santé –cela concerne le tabagisme mais l’association a été documentée pour d’autres facteurs de mode de vie, comme le régime alimentaire ou la pratique de l’exercice-. Les auteurs suggèrent qu’augmenter les salaires les plus bas pourrait bien contribuer à réduire, de manière significative, la prévalence du tabagisme.
Des résultats qui pointent dans le même temps la baisse des petits salaires corrigés par l’inflation et les taxes depuis des décennies et l’augmentation du nombre de travailleurs à faibles revenus. Une baisse des petits salaires qui coûte cher à la santé, commente l’auteur principal, Paul Leigh, professeur en Santé publique à l’UC Davis. Il rappelle le coût du tabagisme, principale cause de décès évitables liés aux maladies cardiaques, aux accidents vasculaires cérébraux, à la maladie pulmonaire obstructive chronique et au cancer du poumon.
Source: Annals of Epidemiology Aug, 2015 DOI: 10.1016/j.annepidem.2015.03.016 Effects of Wages on Smoking Decisions of Current and Past Smokers