Ça sent la fin ! Rock en Seine 2015 est la dernière étape de notre marathon de festival estival auquel se devait forcément d’être présent Toute Ouïe, don d’ubiquité oblige.
La jungle est la thématique de cette édition 2015 et l’on a hâte d’apprivoiser la faune d’autochtones. Le dépaysement est total : moustaches lustrées, selfie stick vissé au smartphone et « stan smith » de rigueur, le bo(no)bo parisien est prêt à en découdre !
Avant d’entamer les hostilités, petite anecdote logistique. En effet, la coutume locale veut que l’entrée presse soit aux antipodes de l’entrée principale.
Avantage : pas de queue pour la bière (on y reviendra…)
Inconvénient : retrouver les copains à l’opposé du site!
En bon provincial, on s’est présenté au mauvais endroit et perdu de précieuses minutes (près d’une demi-heure tout de même). C’est la mort dans l’âme que l’on fait l’impasse sur les spectres de Ghost et le duo de berserker français VKNG. L’occasion de noyer son chagrin dans une première pinte de mousse salvatrice de 47 cl à 7€ précisément.
Welcome to the jungle…
Le site du domaine de Saint Cloud fait son petit effet. Cadre bucolique, verdoyant et ombragé, avec en prime un soleil de plomb qui va nous permettre de parfaire notre bronzage agricole. Il est plutôt agréable de se mouvoir dans cet environnement. Les quatre scènes sont disposées judicieusement, les stands de manger et de boire pullulent et l’on a même droit à un espace vinyle pour les diggers chevronnés.
On entame le safari avec la scène de la cascade où les percussions afro beat de Throes + The Shine titillent nos tympans. On arrive à ce qui semble être le climax du concert avec des « jump to the right » et « jump to the left » du plus bel effet. La tribu de festivalier convulse gaiement et l’on est peu à peu gagné par une irrémédiable envie de checker son fondement. Faut dire que l’on a affaire aux maîtres du « rockoduro », fusion détonante de kuduro angolais et de rock portugais. On se prend au jeu et l’on reste jusqu’à la fin pour apprécier la chorégraphie chaloupée des chanteurs. L’un d’eux termine sa transe dans la fosse, le guitariste s’étale pour un dernier riff et c’est les bras en l’air que l’on participe à un selfie de groupe. Sourire aux lèvres et auréoles aux bras, on sautille vers la grande scène pour la suite.
The John Butler Trio nous accueille avec ses 12 cordes, ses griffes de raptor et la voix groovy de son chanteur. On ne peut qu’être admiratif devant tant de technique toujours au service d’un sens de la mélodie ciselé. Venant du monde de la jam session, on a droit un une improvisation acoustique qui reste le grand moment du concert. Tout cela est fait avec générosité, classe, talent et sans complaisance. Un groupe qui n’usurpe pas sa réputation. Merci pour ce moment les gars !
Après toutes ses émotions, on en oublierait presque de s’hydrater ! C’est l’occasion de tester l’un des nombreux bars du festival tout en se dirigeant vers Benjamin Clementine. Sauf que l’on n’a pas anticipé une attente de près de 25 minutes pour une misérable pinte ! Une fausse note qui a entaché notre expérience globale et réduit drastiquement notre consommation d’houblon sur l’intégralité du festival… C’est simple, on a jamais vu une organisation aussi archaïque, la mise en place d’une file spéciale pour paiement dématérialisé n’y changera rien. Résultat des courses, on vit le concert depuis le stand et le pire c’est que ça sonne vachement bien…
Et tu tapes, tapes, tapes…
Trêve de ronchonnage, on se dirige fissa vers Rodrigo Y Gabriela. Le duo de gratteux mexicains nous régale. Entre compositions originales et Metallica gitan, leur virtuosité impose le respect. Rodrigo se permet même d’utiliser une bouteille de bière vide en guise de médiator ! A la moitié du set le groupe fait monter sur scène une vingtaine de personnes qui les accompagnent en air guitar et en frappant frénétiquement du pied, au rythme du tapping de Gabriela. Cerise sur le gâteau, notre hippie préféré, John Butler, les retrouve sur scène pour un dernier bœuf, en nous proposant une version revisitée de Happy de Pharrell Williams.
On est excité à l’idée de constater en live de quoi va accoucher cette union improbable qu’est Franz Ferdinand et Sparks. Le rejeton se prénomme FFS et ça commence plutôt mal ! Musicalement rien à redire, le groupe récite ses gammes, c’est propre, ça bouge plutôt bien mais tout cela manque d’âme. Parfois l’alchimie opère et l’approche rock grandiloquent fonctionne, notamment sur la bien nommé Collaboration don’t work. Le concert prend un virage radical, lorsque le clavier impassible de Sparks (mélange improbable de Stan Lee et Adolf Hitler), se met à improviser une chorégraphie désarticulée qui a pour effet de décoincer à la fois le public et le groupe. S’en suit une dernière ligne droite sans faute. Bon concert, ouf !
Il est temps d’aller voir si le poids des années n’a pas trop émoussé nos papys du punk californien : The Offspring. Arborant sa mythique tignasse peroxydée, Dexter Holland et ses comparses assurent le show en déroulant un set best of. Avec une justesse approximative, on prend notre pied comme jamais à scander avec la foule des« WHOOOOOOOO» et « YEEEEEAAAAAAAAAAAh » sur les classiques du groupe. Il est juste triste de constater que la température descend instantanément d’un cran dès que la formation balance de nouveaux titres…
Perdu dans le blizzard de Fauve, ça se corse
C’est l’estomac dans les talons, que l’on tend l’oreille sur la prestation de Fauve. Comme à son habitude le collectif rameute les foules et il est toujours difficile de se frayer un chemin pour être bien placé. Le stand corse fera l’affaire ! La scénographie est minimaliste, l’ambiance se veut intimiste. Dans les faits on voit des ombres sautiller sur fond de vidéos stylisés…
Alors que l’on nous sert un sandwich fort engageant à base de figatelli, on est pris de haut le cœur à l’écoute de Blizzard. Instru brouillonne, flow inintelligible. A moins d’être fanboy incollable, le profane n’entend que du bruit. Le chanteur expédie ses couplets et avale ses syllabes comme un morfal. Tout un concept…
« Shoot the runner, shoot, shoot the runner… », Tom Meighan semble nous convier à un lavage d’oreille en bonne et due forme. On ne se fait pas prier pour retrouver Kasabian sur la grande scène. Le groupe déploie un rock salutaire qui fait du bien en cette fin de journée. Le set est rythmé et pioche dans l’intégralité de la discographie du groupe. Mention spéciale pour un Underdog au break chamanique. Petit bémol coté balance la voix du chanteur était parfois étouffée, notamment sur des chansons bordéliques comme eez-eh.
On s’éclipse une demi-heure avant la fin, afin d’aller prendre notre dose de basses, scène de l’industrie avec Handbraekes, composé de Boys Noize et Mr Oizo. On est dans le putassier mais terriblement efficace. On sent que les compères prennent du plaisir à créer des tracks mutants comme cet improbable mix entre Vous êtes des animaux et Pump The Jam. Et pourtant on en redemande et on regrette même que le son ne soit pas encore plus violent…
C’est sur cette note que se termine le premier jour dans la jungle de Rock en Seine. La suite au prochain épisode.
Mots et photos de notre envoyé spécial, Lazy Pete