Michel Combes, caricature monstrueuse du patron prédateur

Publié le 01 septembre 2015 par Mister Gdec

Vivement critiqué à la suite des révélations sur ses conditions de départ de la direction générale d’Alcatel-Lucent dans Le Journal du dimanche JDD) du 30 août, Michel Combes se défend. Dans une interview donnée aux Echos, le patron de l’équipementier télécoms franco-américain depuis avril 2013 revient sur son bilan à la tête de l’entreprise, et se dit « plutôt fier du travail accompli ». (source)

Il se trouvera toujours, inévitablement,  ici et là, un libéral de droite comme d’une certaine gauche corrompue par ce genre d’ idées  pour justifier cette extravagante somme  d’argent qui tombe sur un quidam qui n’a pourtant pas tant mérité… Tout dépend cependant de quel côté de la barrière on se situe en effet. Au Medef, on estime ces primes « choquantes », mais « décidées en toute transparence ». C’est faux, nous verrons plus bas pourquoi. Du côté Sarkozyste, on plaidera l’étonnement, l’acharnement médiatique, les gardes rouges à proximité de l’Elysée, les chars russes, le retour de l’idéologie bolchévique… Plus sérieusement, on parlera investissement personnel, compétences de haut niveau, mouiller la chemise, toussa. Sauf que ce qui fait bondir, dans l’histoire, c’est le comportement plus que malhonnête de Monsieur Combes, qui hier  » assurait qu’il renonçait à une indemnité de départ de 2,4 millions d’euros ainsi qu’au paiement des actions qui lui avaient été attribuées en 2013 et 2014« . Et qui l’année suivante, se retrouve heureux bénéficiaire d’un tel jack-pot, rendu possible par un tour de passe-passe de dernière minute :

Plus étonnant, le directeur général, qui n’est resté que deux ans à la tête d’Alcatel-Lucent, pourrait recevoir 2,685 millions d’actions, soit 8,2 millions d’euros au cours actuel d’ici 2018. Or, pour toucher de bonus, le PDG aurait dû rester trois ans dans les murs. Mais, surprise, fin juillet, le conseil d’administration a levé toutes les conditions d’attribution » (source)

C’est cela surtout qui choque, cette perception qu’on peut avoir de l’extérieur que quand les règles ne vont pas dans le sens des intérêts personnels de ces grands dirigeants, ils n’hésitent nullement à les changer.  Tout comme ils le font pour que leurs sociétés (quand ce n’est pas pour eux-mêmes…)  ne paient pas d’impôts en arguant de l’heureux euphémisme qu’est le terme d’ optimisation fiscale. Un comportement d’autant plus inacceptable que de l’autre côté de la barrière sociale, les dégâts sont considérables. Qui s’en soucie ?

« Il a annoncé 15.000 suppressions de postes dont 700 en France… sans parler des externalisations, critique Stéphane Dubled (cf.  coordinateur de la CGT d’Alcatel-Lucent). Son bilan social, selon qu’on soit actionnaire ou salarié, n’est pas le même. Si le groupe va bien, alors il faut rémunérer grassement tous les salariés. » L’annonce passe d’autant plus mal qu’en avril, la direction a annoncé qu’une partie de la prime sur objectif pour 2014 ne serait pas versée. (source)

Alors, forcément, sachant tout cela, quand on entend et lit de la part de ce petit Monsieur au comportement décidément plus que médiocre défendre une telle situation, prétendant « qu’il n’a pas démérité », forcément, ça énerve. Et même le plus pacifique d’entre nous peut se surprendre à ressentir des nostalgies de têtes au bout de piques…

P.S. (sic) J’ai lu je ne sais plus où que Macron va le recevoir… On compte sur lui pour lui remonter les bretelles (ou pas). Même sérail…..