"Nousaidons." Le quotidien allemand Bild se mobilise en faveur des migrants, samedi 29 août, en affichant ce message en une de son édition. Le journal le plus lu d'Europe a lancé une "grande opération d'aide" en faveur des réfugiés, pour "montrer que les braillards et les xénophobes ne gueulent pas en notre nom .
D'autres médias se sont eux aussi engagés, après une série d'actes xénéphobes visant les migrants cette semaine. L'hebdomadaire Der Spiegel propose samedi une double couverture : l'une évoque "l'Allemagne sombre", photo de centre de réfugiés incendié à l'appui ; l'autre, qui titre sur "l'Allemagne lumineuse", est illustrée par des enfants de migrants lançant des ballons dans le ciel. "C'est à nous de définir comment nous allons vivre, nous avons le choix", insiste le magazine.
L'Allemagne fait face à un afflux sans précédent de réfugiés et prévoit l'arrivée de 800 000 demandeurs d'asile en 2015. Ces arrivées et l'ouverture de centres d'accueil se sont heurtées à des réactions violentes, notamment dans l'est du pays, ces derniers jours.
A Heidenau (Saxe), des manifestations ont viré à l'affrontement entre militants d'extrême droite et forces de l'ordre devant un centre de réfugiés, le week-end dernier. Des incendies volontaires, des menaces et des agressions ont en outre été recensés dans plusieurs villes allemandes.
"Chers réfugiés, c'est bon que vous soyez là car cela nous permet de vérifier la qualité de nos valeurs et de montrer notre respect des autres", estimait le champion du monde de foot et milieu du Real Madrid, Toni Kroos, cité dans la presse.
Comme lui, d'autres personnalités prennent position comme l'avait déjà fait Til Schweiger, star du cinéma en Allemagne, dont la maison a été placée sous surveillance après l'intrusion d'inconnus dans son jardin.
Le chanteur de rock Udo Lindenberg souhaite par exemple organiser un grand concert pour "célébrer la culture d'accueil" de l'Allemagne qui pourrait avoir lieu le 4 octobre à Berlin.
Dans un pays marqué par le souvenir de son passé nazi, cette mobilisation rappelle celles qui ont pu se produire lors d'autres incidents racistes. En 2000, l'ex-chancelier social-démocrate Gerhard Schröder avait ainsi appelé à un "soulèvement des honnêtes gens" après l'incendie d'une synagogue à Düsseldorf (ouest).
L'Allemagne est "un pays tolérant et ouvert", a encore martelé samedi le ministre de l'Intérieur Thomas de Maizière, dans le quotidien Die Welt.
Dans un éditorial intitulé "Ce que nous sommes", le quotidien conservateur se voulait d'ailleurs optimiste, estimant que loin des incidents xénophobes, "la vigueur de l'engagement bénévole change le visage de l'Allemagne" qui à travers sa "culture d'accueil" est "en train de se redécouvrir".
Ce mouvement "contribue à cette nouvelle définition du pays comme terre d'immigration", jugeait même Die Welt alors que jadis, l'Allemagne conservatrice du chancelier Helmut Kohl (CDU) refusait catégoriquement de se définir comme telle.
Un sondage publié en janvier par la fondation Bertelsmann montrait que la "culture de l'accueil" était en progression en Allemagne: 60% des sondés se disaient prêts à accueillir des étrangers, contre 49% trois ans plus tôt.
Article à lire:
Ces Allemands qui accueillent les réfugiés à bras ouverts
Nous pouvons être fiers d'être jumelés avec des Allemands.