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Chez les écolos : après « La Firme », la frime

Publié le 31 août 2015 par Blanchemanche
#EELV #NoëlMamère

NOËL TOUTE L’ANNÉE

Le blog de Noël Mamère.

Publié le 31/08/2015 Dans cette rentrée, il y avait pourtant des sujets autrement sérieux à traiter, de la catastrophe industrielle de Tianjin à la bulle spéculative à Shanghai ; de la barbarie de Daech à l’exacerbation de la crise grecque.Malheureusement, avec les universités d’été des partis, la politique politicienne a emporté ces débats de fond et remis au goût du jour la politique bas de gamme.

Chez les écolos : après « La Firme », la frime

Jean-Vincent Placé aux Journées d’été d’EELV, le 21 août 2015 à Villeneuve-d’Ascq, Nord (PHILIPPE HUGUEN/AFP)
Si nous sommes obligés de la commenter encore une fois, c’est qu’elle concerne au premier chef l’avenir de l’écologie politique en France, qui reste encore l’idée la plus prometteuse de ces 50 dernières années.Nous savons évidemment que les mouvements qui s’en réclament n’ont pas grand-chose à voir avec les idées de René Dumont, Jacques Ellul, Bernard Charbonneau, Ivan Illich, André Gorz ou encore Serge Moscovici.La vanité, la prétention, les petites ambitions et l’esbroufe de ceux qui pourtant doivent leur carrière à ces idées, n’ont jamais paru aussi décalées par rapport aux préoccupations des citoyens de base. « La Firme » s’est muée en frime, en politique de l’épate.

Je ne sais ce qui a le plus pesé....

Ceux-là même qui ont verrouillé le débat au sein du parti des Verts, qui ont empêché la réussite de la « coopérative », première expérience française de dépassement d’un parti politique, qui ont tué dans l’œuf cette belle espérance – au point que j’avais décidé de quitter EELV il y a deux ans, dénonçant cette fermeture et ce repli sur soi – ont donc décidé de claquer la porte en pleine bataille des régionales et à trois mois de la conférence climat.Je ne sais ce qui a le plus pesé dans leur décision personnelle, de la compétition entre petits marquis arrivistes ou de la manipulation d’en haut, organisée directement depuis l’Elysée et Matignon ?Ce que je sais en revanche, pour l’avoir vécu il y a plus de vingt ans, c’est la volonté inexorable du Parti socialiste et de ses dirigeants de diviser l’écologie politique pour qu’elle devienne un « astre mort », conformément à ce qu’a dit un de nos pseudo-dissidents, à l’origine de cette extinction.

Manipulation socialiste

Il y a vingt ans, donc, François Mitterrand organisait l’opération « Génération écologie » en finançant, combinant, ordonnançant, répartissant les fonctions, donnant des places dans l’appareil d’Etat à untel, des médailles en chocolat pour les autres…Mais l’écologie politique d’alors était au milieu du gué et n’avait pas choisi sa voie. Elle se revendiquait du « ni droite, ni gauche », un peu comme une partie de ceux qui se retrouvent à la périphérie du hollandisme aujourd’hui, tels Corinne Lepage, l’ancienne ministre d’Alain Juppé ou Antoine Waechter qui, fidèle à ses engagements de jeunesse, est toujours partisan d’une écologie profonde et neutre. Les Verts de l’époque n’avaient pas encore fait le choix d’une écologie sociale et de gauche, qui fut l’une des grandes victoires politiques de Dominique Voynet et de ses amis.Si la forme de la manipulation socialiste est donc la même, le fond n’y ressemble pas. Au contraire.

Le gouvernement en panique

L’accélération des petites manoeuvres d’aujourd’hui, est liée au choix d’EELV de nouer dans plusieurs grandes régions du pays – Midi Pyrénées-Languedoc Roussillon, Paca, Rhône-Alpes- Auvergne, Nord-Pas-de-Calais-Picardie et, peut être demain, Bretagne-Centre-Val-de- Loire – un nouveau type d’alliance pour la justice écologique et sociale, avec des composantes du Front de gauche, de Nouvelle Donne ou de mouvements citoyens (où est le « gauchisme » ?), face à un Parti socialiste qui, comme on vient de le voir cette fin de semaine, ne sait plus s’il est de droite ou de gauche.En effet, les militants d’EELV refusent massivement de se voir « macroniser » par le PS, constatant avec amertume que l’accord passé en 2011 a été foulé aux pieds par le président de la République et son gouvernement. Tout le reste n’est que littérature.Peu importe le destin de tel ou tel chasseur de strapontin ministériel, qui finira dans les valises du Parti socialiste sans entraîner la moindre dynamique. En se ralliant à une politique qui a créé plus de 600 0000 chômeurs en moins de trois ans, supprimé l’écotaxe, expulsé plus que par le passé des milliers de Roms, vendu encore plus d’armes que ses prédécesseurs, réprimé les zadistes ou promu comme jamais le nucléaire, ces transfuges ont déjà disparu des radars. Si leur départ s’est concrétisé trois mois avant une possible intégration au gouvernement, c’est que ce dernier est en état de panique. Sa politique social-libérale ne connaît aucun résultat positif et ses renoncements n’ont servi à rien. Le roi Hollande est nu. Et ce n’est pas un quarteron d’élus pressés qui pourra y changer quoi que ce soit.

Clarification dans la famille écologiste

Ce qui ne signifie pas pour autant l’échec complet de cette opération de diversion. Le rafistolage d’un centre gauche autour du Front démocrate de Jean-Luc Bennahmias, de Robert Hue, des oripeaux de Génération écologie et de quelques autres, avec le ralliement en rase campagne des notables verts Jean-Vincent Placé et François de Rugy, peut être un sas de décompression pour tous ceux qui, à gauche, n’ont pas la carapace solide pour se rassembler autour d’un projet écologiste et social exigeant. La crise à EELV et au Front de Gauche, ouvre un espace, même réduit, à un certain nombre d’aventuriers de circonstance.Mais pour quoi faire ? Telle est la question. Si la gauche est défaite en 2017, ces aventuriers continueront-ils leur dérive en profitant des circonstances pour tenter l’ouverture, comme l’ont fait avant eux Bernard Kouchner et quelques autres ? Ou s’allieront-ils à Manuel Valls, celui-là même qui veut transgresser les frontières existantes entre droite et gauche, au point d’avoir voulu en finir avec le nom même du Parti socialiste de Jaurès.Cette dérive droitière a, au moins, un mérite : elle permet une clarification dans la famille écologiste, une recomposition qui permettra la refondation de notre projet autour de l’écologie populaire, celle qui s’attache à la lutte contre les inégalités sociales et écologiques, celle qui fait de la justice climatique et sociale son unique préoccupation. Le chantier est ouvert. A nous de construire.

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