#Ecologie #EELV
Publié le 30/08/2015 par JEAN-CLAUDE GUILLEBAUD
Sale temps pour l'écologie ! On aurait bien tort d'analyser l'éclatement « politicien » du parti écologiste avec les ruptures théâtrales de François de Rugy et Jean-Vincent Placé, en regardant les choses par le petit bout de la lorgnette. J'y vois le signe d'un paradoxe extravagant. Sur le plan des idées, la prise de cons-cience écologique n'a jamais été aussi urgente. Elle est même la seule réflexion à désigner un « horizon d'espérance ». En matière politique et économique, en revanche, l'écologie n'est plus vraiment prioritaire. Dans un climat de panique économique et de croissance en berne, le vieux productivisme revient en force et l'écologie passe au second plan, malgré les promesses formelles de la « transition énergétique ».Voici quelques années, on demandait à Hubert Védrines, ancien ministre des Affaires étrangères, si, pour lui, le terrorisme représentait la principale menace pesant sur nos sociétés démocratiques. Réponse immédiate : non, ce n'est pas le terrorisme, c'est le risque écologique. Disant cela, Védrines reflétait la conviction d'un nombre croissant d'experts et de savants. Sur le front de l'écologie (dérèglement climatique, réduction de la biodiversité, épuisement des ressources énergétiques, désertification des océans, etc.), nous sommes dorénavant confrontés à un risque majeur. Une possible catastrophe sans précédent dans l'histoire humaine.Logiquement, cette conviction scientifique devrait être au centre de toutes les consultations électorales. Chez nous, en France, alors que les partis politiques se mettent en ordre de bataille pour la présidentielle, on devrait ne parler que de cela. Quant aux tribulations politicardes des écologistes, elles sont suivies avec un brin d'amusement par les Français qui ont tendance à n'y voir que l'agitation groupusculaire d'une bande d'hurluberlus sympathiques mais décalés. Certains experts s'en alarment à voix haute. Je pense au philosophe français Dominique Bourg, qui enseigne à l'université de Lausanne. Il fut longtemps le conseiller politique de Nicolas Hulot, après avoir inspiré certaines analyses de Daniel Cohn-Bendit. Or il sonne depuis quelque temps le tocsin.Face à ce désastre, les palinodies françaises entre le parti Europe Écologie-Les Verts et les socialistes au pouvoir paraissent bien frivoles. Alors ? Voilà remise sur la table une question de principe : était-il raisonnable de créer un « parti écologiste », au sens traditionnel du terme, à l'instar de ce que firent, dès 1980, « Die Grünen » en Allemagne ? Oh, certes, avoir des ministres au gouvernement et un groupe au Sénat n'est pas un gain politique négligeable. Mais quel sens garde-t-il s'il contraint les écologistes à se chamailler, à courir derrière un mandat ou un portefeuille ministériel ?Je rappelle que Jacques Ellul, le maître à penser des écologistes, n'était pas favorable à cette stratégie. Il pensait que, cédant à ce projet d'entrée en politique - même en voulant faire de la politique autrement -, les écologistes contracteraient la peste politicienne. Pour ne rien dire des petites vanités ministérielles. Patrick Chastenet, le président de l'Association internationale Jacques Ellul, en témoigne. Pour Ellul, rappelait-il récemment, « la cause écologiste n'a rien à gagner à entrer dans le jeu politicien. Il préférerait les initiatives locales, les mouvements sociaux et le combat associatif. »La vision d'avenir que porte en elle l'écologie politique implique un changement de paradigme civilisationnel si dérangeant que sa défense ne peut passer par le truchement des majorités, des secrétariats d'État ou des marchandages électoraux. C'est l'opinion qu'il faut culturellement convaincre pour favoriser une vraie révolution des consciences.JEAN-CLAUDE GUILLEBAUDEllul le pensait : la cause écologiste n'a rien à gagner à entrer dans le jeu politicien. Il préférerait les initiatives locales et le combat associatifhttp://www.sudouest.fr/2015/08/30/le-carnaval-ecologiste-2109446-706.php