En 2010, Square rendait les encaissements par carte accessibles à tous les commerçants, jusqu'aux plus petits. Hélas, son offre et celles de ses concurrents ont du mal à suivre l'évolution qu'a connue le monde des paiements au cours des 5 dernières années. Ainsi, la première solution supportant Apple Pay vient seulement d'être annoncée.
Après l'euphorie des débuts, la révolution promise par les applications d'encaissement sur mobile s'est rapidement heurtée aux réalités d'un marché difficile, dans lequel la survie est conditionnée par l'atteinte d'une masse critique hors de portée d'une startup. Alors, les acteurs spécialisés ont commencé à diversifier leurs activités. Sur le site de Square, par exemple, il n'est plus question que de gestion de caisse, tandis que l'européen iZettle se lance maintenant dans le crédit aux petites entreprises.
Parmi les raisons du désenchantement, la migration des États-Unis vers le standard EMV et les cartes à puce joue un rôle important. Pour Square et ses équivalents américains, il devient problématique – comme l'avaient constaté avant eux leurs émules européens – de distribuer gratuitement un lecteur dont le prix de revient est impossible à rentabiliser avec de petits volumes de transactions. Quand arrive ensuite Apple Pay et son interface sans contact, l'équation devient de plus en plus insoluble…
Les petits commerçants vont-ils donc être abandonnés à leur triste sort et devoir se résigner à revenir aux règlements en espèce ? Non, car un nouvel acteur entend se positionner sur ce segment : Apple. Certes, c'est à travers un partenariat avec PayAnywhere que la démarche est mise en œuvre, mais l'exclusivité de la distribution – dans les boutiques de la marque à la pomme – donne une idée assez précise de son principal instigateur (tout comme les 5 000 dollars d'opérations Apple Pay sans frais).
Naturellement, la première motivation de cette initiative est de favoriser le développement des usages du paiement via l'iPhone. En effet, l'équipement des commerçants en terminaux compatibles a fait d'immenses progrès depuis les débuts de la solution (en Amérique du Nord) mais il est encore loin d'être universel. Alors, démontrant de la sorte le sérieux et l'ampleur de ses ambitions dans le domaine des paiements mobiles, Apple s'attèle directement à la tâche de combler cette lacune.
Ce faisant, la firme s'infiltre un peu plus sur le territoire des banques, alors que celles-ci pouvaient croire que les difficultés rencontrées par les nouveaux entrants leur laisseraient le champ libre auprès des petites entreprises. Elles vont au contraire se trouver face à un adversaire extraordinaire, susceptible, encore une fois, de leur imposer ses 4 volontés, voire de leur damer le pion entièrement. Or, il semblerait que, pour l'instant, elles ne se pressent pas d'adapter à Apple Pay leurs offres destinées aux petites structures…