Cette semaine, Émilie nous présente un incontournable de la bande-dessinée française. Demande à ton libraire, on met notre main à couper qu’il ne t’en dira que du bien. Transat c’est une bédé pour profanes de la mer, qui nous parle et nous concerne. On rit, on compatit puis on réfléchit, là est tout le talent de cette incroyable auteure.
Parfois, chacun de nos gestes parait dénué de sens. On se sent pris, voire prisonnier d’un quotidien qui est à la limite de nous étouffer.
Ce sentiment, Aude Picault le décrit très bien dans son récit autobiographique Transat. Elle ne supporte plus son travail, son appartement, son entourage. C’est à la description, souvent très drôle, de cette situation anxiogène qu’est dédiée la première partie de la BéDé. Le mal être est néanmoins profond, elle ne se reconnait plus dans sa vie.
Alors Aude s’en va. D’abord toute seule sur une petite île, loin de tout parasite. Elle a une vision de la solitude assez douce, profitant de l’absence de sollicitation sociale ou numérique pour se retrouver, redéfinir ce qu’elle attend de la vie. Ce voyage n’est donc pas une fuite, et la conduit à monter à bord d’un voilier pour traverser l’Atlantique. Je fais le pari que les anecdotes de la vie à bord vous plairont même si vous n’êtes pas attiré par le monde de la mer.
J’ai été attirée par le sympathique dessin aux lignes rondes d’Aude Picault. Il est aussi impressionnant, puisqu’avec des traits noirs ou gris, elle arrive très bien à capturer la lumière particulière des bords de mer. Et les doubles pages consacrées à la traversée en pleine mer sont à tomber.
Si vous avez envie de prolonger le voyage, allez voir ses carnets sur son site audepicault.com, celui sur la Patagonie fait vraiment rêver.
Transat, Aude Picault, éditions Delcourt, coll. Shampoing, 2009, 15.50 €
Émilie Boujon