Oh ! Les éveils des bourgades sous l’or des branches,
Où courent la lumière et l’ombre – et les roseaux
Et les aiguilles d’or des insectes des eaux
Et les barres des ponts de bois et leurs croix blanches.
Et le pré plein de fleurs et l’écurie en planches
Et le bousculement des baquets et des seaux
Autour de la mangeoire où grouillent les pourceaux,
Et la servante, avec du cru soleil aux manches.
Ces nets éveils dans les matins ! – Des mantelets,
Des bonnets blancs et des sarraus, par troupelets,
Gagnaient le bourg et son clocher couleur de craie.
Pommes et bigarreaux ! – Et, par-dessus la haie
Luisaient les beaux fruits mûrs, et, dans le verger clair,
Brusque, comme un sursaut, claquait du linge en l’air.
Emile VERHAEREN
Classé dans:Non classé