Le psychologue britannique Jeffrey Gray, a proposé dans les années 1970 une explication de la névrose, par une sensibilité accrue à la menace. C’est en observant l’effet de médicaments anxiolytiques sur la sensibilité des rongeurs exposés à des indices de punition, qu’il était parvenu à cette conclusion. Ici, un des auteurs de cette nouvelle étude, Adam Perkins, chercheur au King College, rappelle que chez les humains, la névrose peut aussi se développer dans des situations dénuées de toute menace. Perkins se réfère notamment à la littérature suggérant une association positive entre les scores de névrose et la créativité.
Une plus forte activité » de la pensée auto-générée » : Jonathan Smallwood, un autre psychologue de l’Université de York, expert reconnu des bases neurales de la rêverie, a, de son côté montré via IRM que les sujets au repos ayant spontanément des pensées particulièrement négatives -un marqueur clé de la névrose- affichent une plus grande activité dans les zones du cortex préfrontal médian impliquées dans la perception de la menace et la pensée auto-générée.
Une imagination très active ? Dean Mobbs, un troisième psychologue de l’Université de Columbia, expert quant à lui de la base neurale de la défense chez les humains a montré qu’il existe un interrupteur de l’activité du cerveau liée à la panique. Cet interrupteur de l’anxiété est contrôlé par des circuits dans les noyaux de l’amygdale basolatérale, un centre émotionnel du cerveau. L’expert associe donc une prépondérance de pensées négatives auto-générées à des niveaux élevés d’activité spontanée dans les zones du cortex préfrontal médian qui régissent la perception de la menace et la propension à la panique à une grande réactivité dans les noyaux de l’amygdale. Ces 2 activations pourraient expliquer la survenue d’émotions négatives intenses même en l’absence de menace. En bref, une imagination très active agirait dans la névrose comme un générateur de menaces intégré?
La pensée méditative dans la dépression…Danilo Arnone, psychiatre et également coauteur fait valoir que ce nouveau modèle pourrait contribuer à expliquer le mode de pensée méditative vu dans la dépression.
L’hypothèse de l’excès de pensées ou » overthinking » implique aussi des aspects positifs de la névrose. La créativité des sujets névrosés peut simplement être le résultat d’une tendance à insister sur des problèmes beaucoup plus longtemps que la moyenne des gens.
Encore mal comprise, la névrose trouve ici des aspects » par définition désagréables, mais aussi des avantages en termes de créativité « concluent les auteurs.
Source: Trends in Cognitive Sciences September 2015 DOI: /10.1016/j.tics.2015.07.003 Thinking too much: self-generated thought as the engine of neuroticism
NEURO: Un lien établi entre la créativité et…la maladie mentale -