" Si on me demandait le résumé du Candidat, c'est un migrant qui part du nord du Burkina Faso pour arriver aux côtes Libyennes et tenter la traversée. Dans cette version là des choses, c'est un roman témoignant d'un fait dramatique politique et sociétal...
En 2010, quand a paru Le Candidat, la situation était déjà depuis longtemps désastreuse mais encore loin d'aujourd'hui. Je crois que deux ou trois livres ont paru en même temps à propos des migrants et différemment orientés. Le fait qu'on puisse intimer l'ordre à tout un continent de rester chez lui, de n'avoir ni droit au voyage ni à la rencontre d'autres cultures ni au choix d'une autre existence est odieux. Tout cela pour surexploiter une main-d'œuvre terrifiée. Je n'ai pas voulu dénoncer ni faire prendre conscience parce que c'était fait des milliers de fois en vain. J'ai accompagné mon personnage de Gorom-Gorom à la banlieue de Tripoli en en faisant un débrouillard. Je lui ai octroyé la joie de la débrouillardise et le talent de retourner les situations. Est-ce que la débrouillardise est politique ? L'habile, on en ferait vite un opportuniste mais mon héros, Abdou, n'a pas d'autre choix que d'inventer des solutions parce que sinon le chemin s'arrête et mon livre avec. "
Frédéric Valabrègue, extrait d'entretien dans le magazine Le Matricule des Anges, Mai 2015 http://www.lemonde.fr/livres/article/2010/11/25/le-candidat-de-frederic-valabregue_1444700_3260.html"C'est moi qui donne du goût à ma vie, pas le sable. C'est un régal que le paysage ne change pas. Que la frontière soit égale. Qu'un pas de plus efface la limite." (extrait du Candidat)