Force of nature de Lorenzo Quinn
J’ai cru pouvoir briser la profondeur de l’immensitéPar mon chagrin tout nu sans contact sans échoJe me suis étendu dans ma prison aux portes viergesComme un mort raisonnable qui a su mourirUn mort non couronné sinon de son néantJe me suis étendu sur les vagues absurdesDu poison absorbé par amour de la cendreLa solitude m’a semblé plus vive que le sangJe voulais désunir la vieJe voulais partager la mort avec la mortRendre mon cœur au vide et le vide à la vieTout effacer qu’il n’y ait rien ni vire ni buéeNi rien devant ni rien derrière rien entierJ’avais éliminé le glaçon des mains jointesJ’avais éliminé l’hivernale ossatureDu voeu de vivre qui s’annule
Lorenzi Quinn Force of Nature
Tu es venue le feu s’est alors raniméL’ombre a cédé le froid d’en bas s’est étoiléEt la terre s’est recouverteDe ta chair claire et je me suis senti légerTu es venue la solitude était vaincueJ’avais un guide sur la terre je savaisMe diriger je me savais démesuréJ’avançais je gagnais de l’espace et du tempsJ’allais vers toi j’allais sans fin vers la lumièreLa vie avait un corps l’espoir tendait sa voileLe sommeil ruisselait de rêves et la nuitPromettait à l’aurore des regards confiantsLes rayons de tes bras entrouvraient le brouillardTa bouche était mouillée des premières roséesLe repos ébloui remplaçait la fatigueEt j’adorais l’amour comme à mes premiers jours.Les champs sont labourés les usines rayonnentEt le blé fait son nid dans une houle énormeLa moisson la vendange ont des témoins sans nombreRien n’est simple ni singulierLa mer est dans les yeux du ciel ou de la nuitLa forêt donne aux arbres la sécuritéEt les murs des maisons ont une peau communeEt les routes toujours se croisent.Les hommes sont faits pour s’entendrePour se comprendre pour s’aimerOnt des enfants qui deviendront pères des hommesOnt des enfants sans feu ni lieuQui réinventeront les hommesEt la nature et leur patrieCelle de tous les hommesCelle de tous les temps.
Paul Eluard