Il devait être écrit quelque part que cet été serait placé sous le signe de la science-fiction. Après La nuit des temps de René Barjavel, je n’ai pas su résister à la phrase tentatrice de mon amie Rita « Et Le meilleur des mondes tu l’as lu ? Si c’est pas le cas tu devrais, il est là sur mon étagère… ». Je n’ai pas eu le cœur de lui laisser prendre la poussière d’avantage.
Voilà un de ses livres qui m’aurait bien fait manquer mon arrêt de tram pour me rendre au travail – critère infaillible pour évaluer mon degré d’immersion dans un bouquin. Dès les premières pages, je m’exclamais presque à voix haute devant les descriptions de l’implacable usine à fabriquer des humains « stables ».
Publié en 1932, ce roman se présente comme une critique du fordisme, du communisme, et peut-être aussi comme une apologie du christianisme. Il décrit ce meilleur des mondes dans lequel l’homme serait débarrassé de toutes ses angoisses, jouissant d’un bonheur immédiatement omniprésent, où chacun est conditionné à vivre heureusement pour les autres. L’absurde atteint son paroxysme pour mieux trouver sa réponse dans l’art et la littérature. Shakespeare y est mis à l’honneur dans sa dimension la plus tragique et Voltaire n’est pas non plus en reste. Aldous Huxley a le génie de nous faire aimer nos angoisses, savourer nos absurdités comme des marques de notre humanité ô combien précieuse.
Suis-je la seule à puiser tant d’énergie dans ce livre ? L’avez-vous lu ? Comment l’avez-vous vécu ?
Le meilleur des mondes – Aldous Huxley, traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Jules Castier
Pocket, 2011, 319 p.
Première publication : 1932
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