Quatrième de couverture :
Un petit bout de terre perdu au milieu de la mer. C’est là, sur l’île de Sainte-Pélagie, que s’installe un été le narrateur. Son ami Henry parti en voyage lui a confié la garde de la maison, du chien et du jardin. Une aubaine pour le narrateur qui s’ennuie ferme. Bien décidé à sauver le potager des ronces et sa vie de l’atonie douce, il débarque, prend ses marques, arpente ce nouveau territoire, s’essaye aux bains de mer. Et fait d’insolites rencontres : un enfant inconsolable, un maire incongru, un voisin au lourd secret, deux chasseurs d’étoiles… Petit à petit, il se prend d’affection pour cet endroit unique et surprenant. L’île pourrait tout aussi bien être un bouchon dans l’eau qui attend que ça morde qu’une planète perdue dans l’espace…
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« Cet été-là, le canapé avait conclu un marché avec mon postérieur, si bien qu’ils avaient fini par devenir les meilleurs amis du monde et qu’il fallait désormais faire des pieds et des mains pour les séparer. Les oiseaux s’étaient tous barrés quelque part à la campagne et il ne fallait plus compter que sur les croassements insupportables qu’une poignée d’irréductibles corbeaux baladait de long en large tout autour de l’immeuble.
Puis un matin le téléphone a retenti comme une sirène annonçant un bombardement doux et inoffensif. » (p.15)
Dès les premiers mots du deuxième roman de Guillaume Siaudeau, le ton est donné : fantaisie, humour tendre et poésie seront au rendez-vous de cette Dictature des ronces. Et pourtant, encore une fois (comme dans Tarte aux pommes et fin du monde), le héros n’est pas au mieux de sa forme : il traîne des soucis d’argent et de coeur dont le coup de fil de son ami Henry va le distraire à point nommé. Encore un héros de la solitude moderne qui va laisser l’inconnu venir à lui. Dès le bateau, le capitaine imbibé et le maire barré lui donnent un avant-goût de cette île où, si on reste trop longtemps, on devient, paraît-il, cinglé. Cinglé, peut-être pas, si on accepte les grains de folie et de fantaisie qui parsèment Sainte-Pélagie…
Guillaume Siaudeau nous livre le récit d’un été en pente douce, dont le héros ose se laisser aller à ses rêves, accepte les rencontres improbables et finit par… remonter la pente. Et par ne plus vouloir partir.
J’ai lu ce livre le sourire aux lèvres, amusée par les trouvailles fantaisistes de Guillaume Siaudeau, charmée par son style pétillant, son écriture imagée, sa tendresse envers ses personnages, son goût pour les mots dont il parle joliment en fin d’ouvrage. Un roman frais et optimiste, qui invite subtilement à changer son regard sur le quotidien, à débroussailler les ronces qui envahissent notre jardin intérieur. Un roman à déguster comme un agréable rosé d’été.
« J’ai étendu mes vêtements pour qu’ils sèchent, puis fait couler un bain. Dehors la pluie s’acharnait sur l’été et c’était un doux et agréable concert de baignoire. J’ai allumé une cigarette et savouré ce moment. La salle de bains n’était pourvue que d’un petit hublot qui s’ouvrait sur le ciel. C’était un trou de serrure pour les rêveurs qui ont décidé de prendre un bain. Parfois un éclair transperçait l’averse, illuminant la pièce pour donner à la fumée de cigarette un air de crépuscule doré.
Subitement, tout s’est arrêté et le soleil a pris la place du hublot. La salle de bains n’était plus que lumière et réalité. Je me suis senti bien. Terriblement bien. Un instant rare. De ceux qui viennent en douce vous délivrer un message d’amour et repartent sans rien dire. » (p.67-68)
Guillaume SIAUDEAU, La dictature des ronces, Alma éditeur, 2015
Aifelle vous conseille vivement aussi ce roman, parfait en cette fin de grandes vacances.
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