Le porche d’une maison tout en bois, image archétype du sud des États-Unis. Une chaleur accablante, une très légère brise qui vient rafraîchir le temps d’une inspiration. Les fenêtres et les portes sont ouvertes. Des bonnes odeurs de cuisine épicées se déversent à l’extérieur, tandis que des musiciens chantent gaiement sur la terrasse, sourire aux lèvres, joie de vivre et d’être là. Madisen Ward & The Mama Bear c’est d’abord un duo à écouter seulement avec les oreilles. On est bercés puis très vite charmés. Ces deux guitares acoustiques en toute simplicité, sans fioritures, allant droit au but. Puis ces deux voix particulières, distinctives, d’un homme et d’une femme, le blues, le gospel et le folk dans le sang.
On les regarde ensuite. Une vieille femme au sourire communicatif, incarnation d’une maman stricte mais aimante au timbre de voix des grandes chanteuses soul et jazz des années 1960. Mama Bear est le nom de scène de Ruth Ward, la maman de Madisen, qui parcourait les petites scènes du sud des États-Unis avant de ranger sa guitare après la naissance de ses enfants. Elle s’y remettra avec son petit dernier, Madisen qui lui, voulait devenir acteur. Heureusement pour nous, il n’a pas réussi dans cette veine professionnelle et a par la suite préféré se consacrer à l’écriture, bien aidé par l’univers musical maternel dans lequel il a été baigné depuis tout petit. La mère et le fils sont de fil en aiguille découverts et soutenus par KMBZ, la radio locale de leur ville, Kansas City qui va largement contribué à leur signature sur l’excellent label Glassnote (Chvrches, Daughter, Mumford & Sons, Half Moon Run, Flo Morrissey…). Ils enchaînent ensuite les premières parties pour The Tallest Man on Earth, Rodrigo & Gabriela, Pixies, Sufjan Stevens… et font une apparition remarquée au Late Show de David Letterman, suivie d’un passage au Later… with Jools Holland. Une vraie success story à l’américaine.
Il faut dire que Skeleton Crew, leur premier album (dans les bacs le 4 septembre) est un album qui fait du bien. Un de ces petits bijoux complètement rétro épuré qui nous fait oublier les dérives pop et électro de certains folkleux. C’est tendre, sincère et délicieusement authentique. On écoutait de tout dans la famille, de Bob Dylan aux White Stripes en passant par Nick Drake, Janis Ian et Elliott Smith, bien qu’on ressente plus les influences de Bob et Elliott que celle de Jack White. Petits délices folk sur les duos Down in Mississippi, Whole Lotta Problems et l’addictif single Silent Movies, tandis que la Mama Bear nous emporte sur Fight On, avant que Madisen et sa voix puissante et suave de baryton complète la partition. On n’a pas envie de trop vous en dévoiler, pour vous laisser la chance d’être à votre tour emballés comme nous par ce folk rétro. Skeleton Crew n’est pas novateur, mais n’est pas désuet pour autant. Presque naïf, cet album nous a juste apporté du baume au cœur, sans que rien ne parvienne à ôter ce sentiment d’allégresse dans lequel les 12 titres de l’album nous ont plongée. Felt so good y’know !
En première partie de Sufjan Stevens le 8 septembre au Grand Rex. Skeleton Crew est disponible en digital sur les plateformes habituelles.
Pour le plaisir :