Pour des régions ouvertes sur le monde

Publié le 27 août 2015 par Blanchemanche
#EELV  #IledeFrance #ElectionsRegionales

Tribunes, points de vue et libres opinions des invités de la rédaction de Mediapart.

27 AOÛT 2015 |  PAR LES INVITÉS DE MEDIAPART

Michel Bock, conseiller régional EELV; Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d’EELV et Alexis Prokopiev, militant associatif (1) souhaitent aller plus loin dans la construction de la « région monde » qu'est l'Ile-de-France. « Nous proposons de créer un centre d’accueil régional pour aider les populations fragiles (migrants, réfugiés politiques, personnes menacées…) à trouver un hébergement, un emploi, à monter un projet ou une association. Car le migrant ne peut être vu comme un « poids » actuel ou futur pour la région mais comme une personne ayant le potentiel d’apporter de la diversité, de la richesse, des échanges et du dynamisme à notre territoire. » 
L’horreur des morts dans la Méditerranée et le drame de Calais : au-delà des images et des chiffres qui marquent les esprits il y a les vies de celles et de ceux qui fuient la guerre pour trouver un meilleur chez soi, et souvent tout simplement pour sauver leur vie. Alors que les principes humanistes disparaissent des discours politiques, que la xénophobie et les actes de haine se répandent partout en Europe, les écologistes défendent des solutions concrètes et pragmatiques, notamment dans les régions, pour garantir l'accueil des populations fragiles mais aussi mettre en oeuvre une véritable politique de solidarité internationale.A travers les siècles, nos sociétés, nos territoires, nos communes, nos régions, l’Europe et le monde moderne se sont construits grâce aux migrations. Souvenons-nous de l’exode rural sous l’Ancien régime qui a construit les villes modernes, du voyage massif et sans retour vers l’Amérique en plein développement, des migrations professionnelles des Européens du Sud vers le Nord à la recherche d’un travail mieux rémunéré ou de l’arrivée en France des réfugiés politiques de l’Europe de l’Est ou de l’Asie fuyant des dictatures sanglantes et espérant retrouver les droits et les libertés perdus… Ces migrations ont construit ce que nous sommes aujourd’hui. Elles ont contribué au développement de nos sociétés : de notre culture à nos modes de déplacement, en passant par notre gastronomie et notre vivre ensemble. La diversité apportée par les migrations est une des sources de notre bien commun que nous nous devons aujourd’hui de protéger et de développer.La région Ile-de-France, comme d’autres grandes régions françaises, est une véritable « région monde » et a toujours été une terre d’accueil. Près d’un-e Francilien-nne sur trois vient d’ailleurs ou a au moins un parent qui est né dans un autre pays. Cette diversité est une richesse que la région doit cultiver à travers sa politique de solidarité internationale, d’aide à la mobilité mais aussi grâce à un meilleur accueil des populations fragiles. L’Ile-de-France est aujourd’hui en première ligne dans la crise qui s’est transformée en horreur dans la Méditerranée cet été. De nombreux réfugiés fuyant la guerre, la famine, les répressions politiques et la pauvreté dans leur pays ont essayé de trouver refuge dans notre « région monde ». Le nombre de conflits, ainsi que les tensions liés notamment aux enjeux climatiques et économiques, vont sans doute conduire à d’autres mouvements de populations à l’avenir. Nous devons être prêts, face à l’horreur que subissent certains d’entre-eux, à les aider à restaurer leur dignité.  Durant la période 2010-2015, les élu-e-s écologistes de la région Ile-de-France se sont toujours battus pour faire respecter les droits des réfugiés et leur garantir des conditions de vie dignes, notamment à travers le soutien aux associations qui agissent sur le terrain. Plus, ils ont pu imprimer une vision écologiste sur les programmes de solidarité internationale de la région. Ils ont développé de nouveaux modes de coopération basés sur les échanges de société civile à société civile ainsi qu’une politique ciblée vers les régions en crise comme le premier partenariat avec Jérusalem-Est ou la création, en 2012, du dispositif « Méditerranée » pour apporter une réponse régionale aux enjeux du « Printemps arabe ». Contre les attaques incessantes de la droite, toujours mobilisée pour anéantir les politiques de solidarité internationale, nos élu-u-es ont réussi à préserver un budget digne de ce nom.Aujourd’hui nous proposons d’aller plus loin. Notre vision de l’action européenne et internationale de la région repose sur la diversité, les échanges, la solidarité, le lien avec la société civile et la défense des droits humains sur notre territoire et partout dans le monde. Même si l’aide au développement international durable des entreprises franciliennes est important, la notion de « rayonnement » doit pleinement intégrer ces principes. La COP21 se déroulant cette année sur notre territoire, la région se doit de saisir cette occasion pour nouer de nouveaux liens avec les collectivités territoriales du monde entier afin d’agir de concert pour trouver des solutions innovantes afin de lutter contre le péril climatique à tous les niveaux. C’est aussi une occasion pour créer de nouveaux partenariats avec la société civile internationale qui sera présente à Paris en décembre 2015. Un autre volet important de notre projet pour développer l’action de la région est la coopération européenne. La crise grecque nous conduit à inventer de nouveaux modes de solidarité et de mutualisation à l’intérieur même de l’Union européenne alors que le conflit en Ukraine pose la nécessité d’une plus grande ouverture sur les pays voisins de l’UE. Nous proposons donc de renforcer l’Europe des régions, de mettre en place un enseignement à la citoyenneté européenne dans les lycées et CFA, de développer des partenariats avec des zones en mutation (Ukraine, Tunisie…) et d’organiser un grand débat sur le rôle des collectivités européennes pour résoudre la question de la dette économique et écologique et s’opposer à l’austérité. Nous sommes également conscients de la responsabilité de la région Ile-de-France pour répondre aux enjeux des migrations. Face à ce challenge nous proposons de créer un centre d’accueil régional pour aider les populations fragiles (migrants, réfugiés politiques, personnes menacées…) à trouver un hébergement, un emploi, à monter un projet ou une association. Car le migrant ne peut être vu comme un « poids » actuel ou futur pour la région mais comme une personne ayant le potentiel d’apporter de la diversité, de la richesse, des échanges et du dynamisme à notre territoire.  Ne cédons pas aux chimères mortifères du repli et de la fermeture. Construisons notre avenir à partir du monde d'aujourd'hui, plutôt que de régresser dans le déni de réalité. Face aux enjeux complexes du XXIème siècle, la « région monde » doit porter des politiques de solidarité internationale ambitieuses. Ouvrons nos régions sur le monde !(1) Michel Bock, conseiller régional EELV, président de la commission des affaires internationales et européennes du Conseil régional d’Ile-de-France; Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d’EELV, tête de liste EELV aux élections régionales en Ile-de-France; Alexis Prokopiev, militant associatif, candidat EELV aux élections régionales en Ile-de-France.http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/270815/pour-des-regions-ouvertes-sur-le-monde