La génèse

Publié le 06 juin 2008 par Jlhuss

… du rhume des “foins”

Ayant chassé Adam du jardin d’Eden, Dieu, dans sa colère, tonna : « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front ! » Puis il retourna voir au Paradis si Il y était (et Il y était). Alors Eve, ayant, d’un geste mutin, réajusté ses feuilles de vigne, déclara à son tour : « Et tu tondras le gazon chaque semaine ! Il ne manquerait plus, maintenant qu’on est propriétaires, que la pelouse soit moins bien soignée que quand on était en location ! »

Depuis la malédiction s’est transmise d’âge en âge. Tous les dix jours, ou à peu près, la Femme constate que sa pelouse n’a pas le fini de celle sur laquelle sa voisine a installé le mobilier en teck acheté chez Botanic, et l’Homme est sommé de se mettre au travail.

On ne le sait pas assez, mais l’herbe « ÇA POUSSE ! » (d’un millimètre à plusieurs centimètres par jour selon des escargots bien informés). Ça n’arrête même pas de pousser. Surtout quand il pleut ! Et la pluie, ici, en Basse Bourgogne, c’est pas ce qui nous manque en ce moment. Ailleurs non plus me dit-on. Je compatis, je suis sensible au malheur d’autrui. Je pleure (enfin pas trop, il fait déjà assez humide) sur l’hortillonneur picard cherchant ses poireaux sous trente centimètres d’eau ou sur l’aubergiste provençal contraint de remplacer la grillade d’agneau du Tricastin aux herbes de la colline par la bouillonnade de grenouilles du marais aux algues de nos torrents. Mais bon, chacun voit midi et son malheur à sa porte. Le retour vers la savane primordiale c’est chez moi ! Oui, chez moi, où la Fétuque prolifère, où le Pâturin s’étale et où l’Agrostis se déchaîne.

Rien ne leur résiste à ces saloperies. Même ma supertondeuse verte à lame ultraprofilée et moteur quatre temps à essence sans plomb (1,49 € le litre pas plus tard que ce matin) n’arrive plus à assurer : Pas plus tard que tout à l’heure je pars pour le parcours classique: jardin du voisin - mur nord de ma modeste demeure et virage autour du mirabellier.

J’avance peinard, tranquille, sûr de moi et de mon matériel. Le moteur hurle juste ce qu’il faut pour empêcher ces connards de merles de se croire chez eux alors qu’ils sont chez moi (je sais, je me répète) et que c’est mes cerises et mes fraises pas mûres qu’ils bouffent les salopiots. Le panier de l’engin s’alourdit. Les roues motrices accrochent. Si ça continue, je vais virer optimiste… Ça ne continue pas. Quand je me retourne l’herbe est déjà en train de repousser entre la cabane de jardin et le tas de bûches fendues à la main que mon gendre aurait dû venir chercher depuis deux mois, mais il a sûrement autre chose à faire ce feignant… Tondre sa pelouse par exemple !

Chambolle

[Le Chat : Utilisez le mouton, tondeuse écologique et suivez La tendance : faire pousser de l’herbe sur les toits ! ]