Un peu plus de 2 mois après sa sortie en France, Le Monde de Nathan (X+Y en VO) débarque ce mois-ci sur les écrans belges. Réalisé par Morgan Matthews, dont c’est le premier long-métrage, le film raconte l’histoire de Nathan (Asa Butterfield), un adolescent souffrant de troubles autistiques et prodige en mathématiques. Brillant mais asocial, il fuit toute manifestation d’affection, même venant de sa mère (Sally Hawkins). Il tisse pourtant une amitié étonnante avec son professeur anticonformiste Mr. Humphreys (Rafe Spall), qui le pousse à intégrer l’équipe britannique et participer aux prochaines Olympiades Internationales de Mathématiques. De la banlieue anglaise à Cambridge en passant par Taipei, la vie de Nathan pourrait bien prendre un tour nouveau…
Après le documentaire Beautiful Young Minds, sorti en 2007, c’est cette fois sous la forme d’un long-métrage que le réalisateur britannique Morgan Matthews choisit de raconter l’histoire de génies en mathématiques souffrant de troubles autistiques. Pour ce faire, il choisit de concentrer son récit sur un enfant en particulier, Nathan, un adolescent taiseux éprouvant les pires difficultés à communiquer avec les gens qui l’entourent et incapable de gérer ses émotions. Par le biais de son parcours, le réalisateur s’attache à décrire, aussi sobrement que possible, le quotidien d’un enfant autiste. Cela passe tout d’abord par une écriture efficace qui prend le temps d’installer les personnages, notamment au travers de flashbacks jamais envahissants. Mais également par une mise en scène attrayante qui, sans rien inventer de nouveau, a néanmoins la bonne idée de proposer de découvrir le monde par les yeux du héros. Un procédé ingénieux faisant la part belle à la complexité des émotions qui animent le jeune garçon. Il en découle du coup quelques très jolis plans, spécialement en Chine, soutenus par une belle photographie de Danny Cohen.
Cependant, aussi émouvant et intéressant soit le film, la retenue et la subtilité qui règnent au début de l’histoire laissent progressivement la place à un côté convenu et démonstratif qui atténuent un peu la puissance du récit. Le dénouement n’évite pas non plus une morale, certes positive, mais grandement naïve, qui handicape un peu l’ensemble. De manière générale, le long-métrage reste toutefois rafraîchissant grâce à un casting totalement investi. Asa Butterfield, tout d’abord, impressionne dans la peau du jeune prodige. Crédible et émouvant, l’acteur délivre une performance de tout premier ordre. Au même titre que Sally Hawkins, toujours convaincante et une nouvelle fois incroyablement touchante en mère célibataire cherchant par tous les moyens à nouer une relation avec son fils. Malgré la naïveté du final, l’émotion est véritablement palpable lors du face à face entre les deux comédiens. Enfin, Rafe Spall et Eddie Marsan complètent magnifiquement la distribution en livrant deux interprétations complètement différentes mais tout aussi convaincantes l’une que l’autre.
En conclusion, malgré quelques défauts mineurs, Le Monde de Nathan s’impose donc comme une comédie dramatique lumineuse et touchante. Porté par un casting remarquable, le film convainc surtout par sa retenue et sa sincérité. On regrettera toutefois l’extrême naïveté de la morale finale.