La saison 5 de Game of Thrones aurait pu être la saison de trop, celle qui n’utilise pas forcément à merveille l’univers des personnages et qui ne prend pas de risques. Bien au contraire, c’est une saison assez intelligente qui nous conduit de scènes en scènes, de personnages en personnages afin de nous donner une meilleure notion d’universalité. En effet, jusque là les mondes ne se croisaient pas et la rencontre entre Daenerys et Tyrion est l’un des éléments les plus importants de la saison, c’est la rencontre des deux mondes que la série a toujours opposés et le premier signe d’un lien entre les deux. Outre cette rencontre, Daenerys et Tyrion vont connaître tout un tas d’épreuves au fil des épisodes. La première va devoir faire face à la crise de confiance de son peuple (le fait que ses dragons ne soient plus à ses côtés n’aide pas) et le second face à des ennemis sur son voyage. J’ai beaucoup aimé la façon dont les deux destins se rencontrent et surtout la façon dont Daenerys parvient à prouver qu’elle est toujours la mère des dragons quand son dragon rebelle revient pour la sauver alors qu’elle se retrouve en danger. L’introduction de tout un tas de personnages (les fils de la Harpie notamment) apportent une dimension légèrement différente à une saison qui avait besoin de se renouveler et de nous offrir de nouveaux horizons.
Ce n’est pas la seule piste. Chez les Lannister, la crise de confiance est tout aussi forte alors que Cersei est sur le point d’être déchue de sa place. Elle pensait être à l’abris de tout mais la mort de Geoffrey et de Tywin dans la saison précédente n’a fait qu’accentuer le problème. Lena Headey m’a passionné tout au long de son histoire cette année, à la fois lorsqu’elle pensait gagner et être la « reine » mais également quand elle s’est retrouvée au centre des hostilités (en prison) jusqu’à la scène finale qui promet de changer le personnage à tout jamais. Rapidement, l’histoire de Cersei prend une forme assez dramatique et personnelle qui change là aussi de ce que l’on avait pour habitude de voir dans la série. Game of Thrones nous a tellement présenté l’histoire des Lannister comme celle d’une dynastie intouchable, cette année est celle où ils sont enfin touchés en plein coeur. Nous avons également Jon Snow qui va se retrouver au coeur de l’une des meilleures scènes de bataille de la saison (dans l’épisode 8). Cette scène est probablement l’une des plus efficaces de la série aussi et pour cause, elle parvient à nous offrir des morts en pagaille, tout en redéfinissant plus ou moins les priorités du héros. La saison est une saison charnière vis-à-vis de Jon Snow et peu importe la suite de la série, je trouve qu’ils ont su à merveille nous intéresser à cette histoire.
Game of Thrones a réussi à nous proposer une histoire dans la continuité des saisons précédentes. Ce n’est pas forcément plus original que les saisons précédentes mais la série s’intéresse à d’autres enjeux, tue des personnages au passage (surtout dans le dernier épisode) et nous proposer des tas de choses différentes qui nous permettent de voir les personnages sous un angle différent (Cersei la première). Des intrigues plus secondaires, comme celle d’Aria tentent aussi de faire évoluer plus ou moins la série (vers quelque chose qui pourrait ressembler à du Sherlock Holmes en version héroïc-fantasy). Si certains n’ont pas du tout adhéré au sujet de l’histoire d’Aria, j’ai personnellement bien aimé ce qu’ils ont fait. Game of Thrones a réussi sa saison 5, pas nécessairement plus que les saisons précédentes dans le sens où la série gardent une vraie linéarité dans sa façon de construire son histoire. George R. Martin a probablement donné des directives aux scénaristes alors qu’il n’a cette année écrit aucun des épisodes de la saison (alors que c’était plus ou moins une tradition, ses épisodes faisant bien souvent évoluer les personnages).