Titre original : Hitman : Agent 47
Note:
Origine : États-Unis/Allemagne
Réalisateur : Aleksander Bach
Distribution : Rupert Friend, Hannah Ware, Zachary Quinto, Ciáran Hinds, Thomas Kretschmann, Angelababy, Emilio Rivera…
Genre : Action/Adaptation
Date de sortie : 26 août 2015
Le Pitch :
L’Agent 47 est issu d’un programme top secret destiné à donner naissance à des assassins infaillibles, car génétiquement modifiés. Alors qu’il recherche activement le scientifique à l’origine du projet, disparu depuis plusieurs années, le tueur rencontre la fille de celui-ci, qui est menacée par une multinationale sur-puissante désireuse de s’approprier le code génétique des Agents pour constituer une armée…
La Critique :
Aimer les jeux-vidéos et le cinéma équivaut à s’exposer à de multiples déceptions, les adaptations en films se résumant bien souvent à de belles purges à peine capables de maintenir un semblant d’intérêt, tout en prenant soin de bien piétiner le matériau de base. De Resident Evil (choisissez celui que vous voulez, ils sont tous nazes) à Doom, en passant par Super Mario Bros, Mortal Kombat ou Street Fighter et l’horrible Max Payne, force est de reconnaître que les jeux-vidéos, aussi bons soient-ils, se sont souvent transformés en longs-métrages tout moisis. Et ce n’est pas ce cher Uwe Boll, qui dira le contraire (retrouvez l’interview ICI), lui qui a enfilé les adaptations comme des perles, en affichant un mépris revendiqué pour les jeux, avec au choix des navets comme Alone in the Dark, House of the Dead ou encore King Rising. C’est ainsi que tous les fans de la licence culte Hitman se sont heurtés, en 2007, au nanar de Xavier Gens. Un film d’action produit par Besson, avec Timothy Olyphant, aussi indigent qu’idiot, dont le seul fait remarquable (mais pas dans le bon sens) fut de marcher sur la tronche d’un jeu auquel il n’a manifestement rien pigé. Quand le reboot fut annoncé, les espoirs étaient permis. Besson ne faisait plus partie de l’équation, Xavier Gens non plus, et toute l’histoire avait été repensée. Peut-être allait-on enfin bénéficier d’une version cinématographique de Hitman, fidèle à son modèle, nerveuse, tendue et visuellement spectaculaire ? Et bien non, encore raté, Hitman : Agent 47 est au moins aussi nul que son prédécesseur, voire davantage ! Chapeau l’artiste !
Saluons tout d’abord la personne, qui qu’elle soit, qui décida d’embaucher le scénariste qui transforme en merde tout ce qu’il touche, à savoir Skip Woods. En partie responsable du naufrage de la franchise Die Hard, on lui doit aussi le premier G.I Joe et le premier Wolverine. Aujourd’hui, le voici de retour pour orchestrer la remise à zéro de Hitman et non, le gars ne s’est pas amélioré. Son style est inimitable (tant mieux) et se distingue ici par la mise en place d’une intrigue sans queue ni tête, soutenue par des dialogues débiles et des rebondissements à la chaîne aussi affligeants de par leur bêtise que vains, car incapables de maintenir un semblant d’intérêt. À vrai dire, le personnage principal demeure le seul élément fidèle au jeu. Le reste s’apparente à un grand n’importe quoi difforme et soporifique. En un peu plus d’1h30, le film s’arrange pour ne raconter rien qui vaille la peine de se déplacer, si ce n’est pour profiter de la climatisation de la salle de cinéma.
Derrière la caméra, le débutant Aleksander Bach ne matérialise malheureusement pas les minces espoirs que son nom de famille pouvaient susciter. Nul ne sait si ce dernier appartient au même arbre génétique que Jean-Sébastien Bach, mais si c’est le cas, le compositeur doit à l’heure actuelle faire des saltos dans sa tombe. La réalisation, brouillonne, confère des airs de vieux téléfilm poussif à Hitman : Agent 47, et ne parvient jamais à rendre les affrontements dignes du jeux-vidéos ou même du cahier des charges du film d’action lambda. Avec ses bastons accélérées, ses plans truffés d’images de synthèse foireuses probablement fabriquées par un stagiaire neurasthénique, et son montage frénétique censé noyer le poisson, le long-métrage est aussi désagréable à regarder qu’une mauvaise cinématique Playsation 2, sans qu’ici, la possibilité d’appuyer sur Star pour enfin commencer à jouer ne soit une option.
Au final, c’est toujours le spectateur qui trinque devant un produit désincarné qui n’a jamais de respect pour l’œuvre qu’il adapte dans le seul but de faire la nique au fan en lui soutirant un peu plus de monnaie. Même les acteurs ne parviennent pas à sauver les meubles. Rupert Friends, alias l’Agent 47, vu notamment dans Homeland, est monolithique tout du long, au point de faire passer ce bon vieux Steven Seagal pour un modèle d’expressionnisme. Idem dans le camp des méchants où Zachary Quinto nous refait son numéro de Heroes. Pas mieux concernant Hannah Ware, la fille du groupe, dont le personnage s’avère tellement poussif qu’il est quasiment impossible de lui accorder un quelconque crédit.
Non seulement très chiant, Hitman : Agent 47 est aussi d’une bêtise crasse. Incroyable mais vrai, le précédent était finalement mieux. Plus regardable en tout cas, si ce n’est pour sa réalisation déjà plus pertinente au vue du sujet et des enjeux. Ici, les enjeux, comme tout le reste, brillent par leur transparence. Cela dit, rapidement, le film se transforme en comédie. Pas volontairement bien sûr (quoi que), mais par la force de son déroulement boiteux et de sa mise en image salopée. Il dégage une force burlesque que seuls les navets de compétition peuvent prétendre avoir. Comment en effet ne pas se marrer devant certaines répliques totalement à côté de la plaque et devant ces acteurs perdus dans les méandres d’un script qui ne semble même pas comprendre ce qu’il nous raconte ? Difficile. Mieux vaut en rire donc…
@ Gilles Rolland