Hier soir, je vais au Comptoir Général (bar sympa, mais un peu bruyant dans le 10ème arrondissement parisien) pour aller (re)voir The Breakfast Club.
Je l’ai vu pour la première fois en début d’année et depuis ce film culte chez les Ricains, (comme le dit un article de Télérama, c’est un peu l’équivalent de « La Boum » pour eux) tient une bonne place dans mes amours cinématographiques.
Oui et donc, le bar a mis en place depuis un mois l’évènement « Retour vers l’adolescence »
De début juillet à début septembre, c’est sympa, il diffuse (dans une salle décorée style salle de classe avec petites chaises d’écoliers, tableau noir…) des films à l’ancienne. Je suis dègue, j’ai vu ça seulement au mois d’août et j’ai loupé « Les Dents de la Mer », »Indiana Jones », « Gremlins ». Films vus et revus, mais que j’aurais adoré voir dans ce contexte.
M’enfin, tout n’est pas perdu puisque j’ai quand même pu voir The Breakfast Club.
Donc hier, je suis avec un pote et on commence à faire la queue. Ça va, y a pas trop de monde donc on sait que nous pourrons rentrer, malgré le nombre de places limitées. Devant nous, il y a une maman et son ado. Je me fais la réflexion qu’elles semblent sympathiques.
Mon pote, je lui parle boulot, manière d’appréhender certaines choses et famille. Il me parle théâtre, famille et manière d’appréhender certaines situations.
A un moment, y a un peu de foule qui passe juste à côté de nous. D’un coup, je me sens un peu coincée, je me retourne et y a cette fille avec son pull bleu qui est juste devant moi. Je me dis qu’elle doit attendre pour pouvoir passer ensuite vers l’autre salle.
Je continue à discuter avec mon pote, tourne la tête et la fille est encore là. Une fille l’a rejoint et elles tapotent frénétiquement sur leur téléphone tout en papotant. Je regarde la maman et sa fille, me disant que ça doit être leurs potes. La maman me fait un sourire, mais elle semble agaçée. Moi : vous connaissez ces personnes ? La maman : non, du tout, elles sont en train d’essayer de passer devant nous.
Moi : rah ouais, putain, elles essaient de nous gruger.
Et là rien ne va plus.
Je crois que dans les petits trucs du quotidien qui m’énervent de dingue, la gruge dans une file d’attente est la chose qui me fait vriller. J’ai du mal à contenir mon agacement. Et puis merde hein, si je me fais chier à arriver 30 minutes avant, c’est pas pour qu’on me passe devant tranquillou.
Fuck.
On commence à en plaisanter avec la maman, son ado et mon pote. Mais je l’ai mauvaise de chez mauvaise.
Généralement, je ne peux contenir mon envie de dire : hey toi, tu as grugé, je t’ai vu bordel !
Et depuis pas mal d’années et de confiance engrangée, j’arrive à me positionner face à la personne et à lui dire.
Et c’est ce qui s’est passé ici. N’y tenant plus, je tapote sur l’épaule de la fille en pull bleu.
-La fille : oui ?
-Moi : bonjour, vous étiez pas ici tout à l’heure, vous vous êtes incrustées.
-La fille (surprise) : moi ?! Euh…non…mais pas du tout, je suis là depuis une bonne demie-heure.
-Moi (je me marre) : ah ah ah, bah non, ça c’est pas possible hein parce que je suis là depuis une demie-heure et ça fait juste 5 minutes que vous êtes là. Vous avez grugé. La fin de la queue c’est juste derrière moi donc va falloir y allez hein.
-la fille (l’air outré) : non…mais euh attends (ah bah v’là qu’elle me tutoie) nous…
Elle est coupée par la maman.
-la maman : NON, vous n’étiez pas là depuis une demie-heure.
-la fille : oui bah ça va, lâche nous, on va derrière hein, c’est bon.
Elle et sa copine sont toutes vexées, elles partent juste derrière nous. Elles râlent après moi, après nous. Moi j’ai un peu chaud et j’ai le coeur qui bat un peu vite. Je suis surprise d’avoir réussi à m’affirmer de cette façon. On se remet à parler avec la maman, on rit de notre audace à avoir réussi à dire poliment, mais fermement aux deux filles de bouger. Bientôt, je me laisse embarquer dans une nouvelle conversation très sympathique avec mon pote, cette dame et sa fille et j’oublie cette histoire.
Puis on rentre, on s’installe, on se prend un petit pop corn et on attend.
Juste avant que les lumières s’éteignent, j’aperçois les deux filles dans un coin de la salle.
Pour elles, j’aurais été la meuf reloud qui a fait chier parce qu’elles ont grillé la place.
Pour moi, elles seront les deux relouds remises en place, meufs à qui je l’ai dit sans haine, ni violence et qui me font penser que même un petit acte du quotidien est important pour soi.