Après un méchant week-end de pluie à Nantes, nous avons découvert le petit village de pêcheurs de Trentemoult. Situé au sud de Nantes, dans la banlieue de Rézé, il s’agit d’un ancien village de pêcheurs et de marins. Pour y accéder il est possible d’emprunter le Navibus, depuis l’arrêt Gare Maritime (plus pittoresque que de faire le chemin par la route). On atteint ainsi la rive gauche de la Loire et on imagine ce qu’on appelait autrefois les îles de Rézé. On se trouve ici dans un ancien ensemble insulaire, qui comptait également l’île des Chevaliers, le hameau de Norkiouse. La rivière, appelée le Seil, qui les isolait fut ensuite comblée. Trentemoult, toutefois, rassemblait la majorité de la population, et son nom était couramment utilisé pour désigner l’ensemble des îles de Rézé. En face du ravissant village, on distingue le port de Nantes. On comprend alors par la position stratégique qu’occupait le village qu’il détienne dès le 14e siècle le monopole de la pêche en Basse-Loire. Au 19e siècle, les ouvriers s’installèrent dans le village, proches des chantiers navals où il travaillaient. La pêche fut progressivement abandonnée, et le commerce maritime pris son essor. Le village accueilli ainsi bon nombre d’officiers travaillant au port. On distingue ainsi de belles maisons bourgeoises parmi les habitations traditionnelles de pêcheurs en se promenant dans les ruelles.
Les habitants aujourd’hui encore sont restés fidèles à la tradition des pêcheurs qui terminaient les pots de peintures destinés aux coques de leur navires, sur la façade de leur maison. On découvre ainsi un joli nuancier, au fil de la promenade. Si jusqu’aux années 1960, les guinguettes du village attirent les gens le dimanche, ce sont désormais les artistes, les artisans et petits commerces qui ont succédé aux pêcheurs tandis que les bateaux de plaisance occupent le port.
Une crêpe plus tard, nous nous accordons une agréable promenade, admirant les jardins, les balcons, et ces couleurs qui égaient la vue. En repartant, nous passons devant un étonnant bâtiment. L’artiste Roman Signer, à la fin des années 1960 découvre cette centrale à béton abandonnée. Il y voit l’occasion de lui redonner vie, sans la dénaturer. Fasciné par les éléments, il aime y soumettre ses dispositifs. Il étudie alors la complexité de son mécanisme, qui fait écho à son usage premier, celui de changer la matière. Cela lui inspire un pendule géant, qu’il fixe sur la façade de la centrale. De ses 7 mètres de haut, il bat une pulsation immuable, celle du temps, et des fluctuation du fleuve. Lorsque le vent atteint les 70 km/h, le pendule s’arrête.
Nous nous attardons un peu aux alentours, avant de repartir direction Nantes.