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Photos & vidéo © David Fracheboud
On y était : Baleapop #6, du 5 au 9 août 2015 à Saint-Jean-de-Luz.
Après l’excellente ambiance de l’année dernière on avait hâte de remettre ça du côté de Saint-Jean-de-Luz et comme l’an passé, le parc Duconténia, cadre très agréable en centre-ville, sera le cœur de cette sixième édition du Baleapop. J’arrive le jeudi, à temps pour choper le live de High Wolf. J’avais déjà vu le breton un certain nombre de fois et je crois que je préférais son approche plus ambiante des débuts. Là, l’ensemble est plus attendu, les beats africains et les motifs ethniques synthétiques répétitifs ne prennent pas malgré leur caractère dansant/transe. Le problème vient peut-être du dispositif du gars : une gratte et un sampler. Tous les sons rythmiques et les nappes provenant de la même source (le sampler donc), les éléments ne sont pas ou du moins trop peu spatialisés les uns par rapport aux autres, sans réelle dynamique, ce qui rend l’ensemble finalement assez plat, dommage, d’autant plus que le mec brille pas mal en ce moment avec son autre projet Black Zone Myth Chant.
Si l’une des qualités du festival est de faire de la place aux groupes locaux, une prog en comprenant trop peut risquer de paraître faiblarde et c’est malheureusement le cas ce soir mais bon, restons vacances. On se tape ensuite un groupe brésilien, Fumaça Preta, le genre de musique qu’un gars aviné en train de faire griller du churrasco écouterait en matant des meufs mal roulées danser avec des plumes dans le cul. Big up pour l’utilisation du spandex en revanche.
C’est ensuite au tour d’Odeï, exception qui confirme la règle par rapport à ma tchatche sur les groupes locaux. On a affaire à un vrai live avec de bons musiciens qui savent bien faire le job. Des projections vidéo de motifs géométriques à l’esthétique 90ies décorent la scène, les montées harmoniques sont parfois un poil pompier mais l’ensemble reste bien classe. Le vibraphone introduit une touche intéressante et il y a dans la musique d’Odeï ce mélange marrant difficile à expliquer propre au collectif Moï Moï, entre modernité et tradition made in Euskadi. Paranoid London clôture la soirée avec leur acid bien racée et ils arriveront à chauffer le public en se contentant du minimum syndical, loin du niveau de leur performance au dernier Sonar.
Le lendemain direction la plage pour le showcase Antinote. Le label parisien a aligné un trident offensif de haute volée cet après-midi avec Zaltan, Geena et D.K. pour un B2B2B avec une belle animation collective. Si les artistes jusqu’à présent sortis sur le label sont tous de qualité, ce trio présente l’avantage d’être hyper cohérent dans les choix musicaux, un bon bloc équipe si tu préfères. Entre French Boogie, House mongole matinée de flamenco et autres chelouseries entre passéisme et modernité décalée, on passe une super journée. Mention spéciale à ce track balancé tel une boule puante dans une salle de classe par le gars Zaltan, d’après les maigres informations en ma possession il s’agirait de Rien d’un certain Jean-Claude (Quentin, balance moi le track steuplé, je galère avec les internets).
Retour au parc pour la soirée et on démarre par une petite balade afin de checker la sélection artistique du festival. Parmi les différentes œuvres proposées nous retiendrons surtout l’installation de Polar Inertia qui reproduit la sensation d’être piégé dans un épais blizzard polaire tout en proposant une expérience immersive et ludique.
Du côté de la petite scène Flavien Berger fait sonner les premières notes de sa pop gracile et plutôt classe. Le tout est distillé avec maîtrise même si l’on sent bien la culture Burgalat du bonhomme, le côté tendancieux en moins. Je ne passe pas un mauvais moment mais c’est quand même assez précieux comme délire et les petits discours pétés entre les morceaux étaient de trop. Le pays basque décidera ensuite de nous gratifier d’un aspect pas si inconnu de son climat mais qui pour le coup tombe super mal : la pluie. La putain de pluie même tellement on va bien se faire saucer. Résultat : on essaye de résister en s’abritant comme on peut pour capter des bribes de Camera et Jessica 93 avant de vite déclarer forfait même si le reste de la prog du soir me branchait pas mal.
Le samedi se passera également sous la pluie, Baleapluie.
La charmante équipe du festival va essayer de palier au problème en trouvant une solution pour abriter le public mais le taux d’humidité et la grisaille flinguent un peu l’ambiance habituellement si hédoniste de Baleapop. Ceci étant dit, fait assez remarquable pour être noté, la grosse équipe de bénévoles garde le sourire malgré les circonstances et l’accueil reste au top. Finalement c’est eux les vraies stars de cette édition.
On capte le DJ set peu inspiré, pour ne pas dire pauvre, de La Decadanse puis c’est au tour de Lena Willikens d’envoyer un bon set bien deep qui pour le coup passe très bien sous la pluie. La meuf a dû refaire ses EQ ou ses sons sur clefs USB sont de meilleure qualité, je ne sais pas, mais tout de suite ça sonne mieux, deutsche qualität. Sonorités post indus, rythmiques tribales, festivaliers pieds nus dans la boue avec des parapluies de branchages, c’est cool. Superpitcher enchaîne et sans son binôme, la moitié allemande des Pachenga Boys va nous faire chier du coup direction la petite grotte dans laquelle l’équipe de La Fête Triste passe des disques. La sélection est pointue et bien mortelle, je kiffe mais putain la pluie… Baleatriste. Cette année la formule du festival a un peu changé, il faut toujours composer avec la municipalité donc de nouvelles choses ont dû être tentées, comme ce samedi soir sous forme de parcours dans différents lieux/bars de la ville à la place de la soirée club. On découvre le bel intérieur du bar éphémère Chez Renauld et on boit des coups avec les potos mais le merdier tourne vite au parcours du combattant entre espaces bondés et bourrasques de flotte.
La programmation du lendemain est peut-être celle qui me motivait le plus mais des obligations m’emmènent loin de Saint-Jean-de-Luz, je suis vert mais que veux-tu ? Entre temps pourri et planning perso mal branlé c’est parfois la poisse. Mais je me console comme je peux, l’année prochaine Baleapop sera toujours là et le 7 c’est mon chiffre porte-bonheur.
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