Curiosity s’est fendu d’un nouvel autoportrait qui combine une mosaïque d’images prises la veille du troisième anniversaire de son arrivée sur Mars, dans le cratère Gale. Le site de « Marias Pass » où il était ces dernières semaines, sur les flancs du mont Sharp, témoigne d’un taux d’hydrogène et de silice plus élevé que partout ailleurs où le rover est passé. Il s’agit de précieux indices de matériaux hydratés qui témoignent de l’histoire passée de Mars, que les planétologues espèrent déchiffrer.
Le 6 août 2015 marquait le premier anniversaire de la sonde européenne Rosetta autour du noyau de la comète Tchouri, une semaine tout juste avant son passage au périhélie. À quelques millions de km de là, Curiosity fêtait seul sur Mars, le troisième anniversaire de son débarquement à l’intérieur du cratère Gale. La veille, lors du sol 1.065 (1.065e jour martien), le rover américain s’est livré à un méticuleux autoportrait ou selfie.
Le tableau final réunit pas moins de 92 images bruts individuelles capturées durant une heure avec la caméra Mahli (Mars Hand Lens Imager), installée au bout de son bras articulé. Vous pouvez les consulter une à une au sein de la galerie dédiée du site de la Nasa. Par ailleurs, Emily Lakdawalla propose sur son excellent blog, de les découvrir toutes ensemble, réunies en une seule image non traitée et non combinée (à voir ici). Une vidéo très intéressante, visible sur Youtube, illustre la méthode employée pour acquérir cette mosaïque d’images, comme ce fut le cas précédemment, au début du séjour sur Mars du rover. Comme l’explique la NASA : avant d’envoyer les instructions, des essais furent réalisés au préalable dans un studio-laboratoire sur Terre, avec la doublure de Curiosity (à voir ici). Bien sûr, le bras robotisé n’apparait pas mais on voit toutefois son ombre projetée sur le sol poussiéreux de la Planète rouge.
Cet autoportrait du 5 août est le cinquième réalisé sur un site de collecte d’échantillons. Les trous que l’on distingue devant le rover ont été forés dans une roche baptisée « Buckskin ». Ils s’inscrivent dans la lignée des selfies des sites « Rocknest », « John Klein », « Mojave » et « Windjana ». Pour celui-ci, le rover faisait face au nord-est. À l’arrière-plan, derrière lui, on aperçoit à gauche, au sud de sa position, la silhouette du Mont Sharp (5,5 km d’altitude) qu’il a commencé de gravir en septembre 2014, et à droite, en direction de l’ouest, une partie des parois rocheuses qui entourent ce vaste cratère d’impact de 155 km de diamètre.
La silice contient du silicium et de l’oxygène que l’on retrouve abondamment sur Terre dans plusieurs minéraux, comme le quartz. L’abondance d’hydrogène est interprétée comme des ions hydroxylés issus de l’eau, liés aux roches. Autant de marqueurs signalant la présence de matériaux hydratés comme l’ont confirmé les passages de Dan en mode actif. « Le sol jusqu’à un mètre en dessous du rover présente dans cette région, 3 ou 4 fois plus d’eau que n’importe où ailleurs où Curiosity a roulé durant ses trois années sur Mars » souligne à ce propos le responsable de l’instrument, Igor Mitrofanov de l’Institut de recherche spatiale de Moscou.
Enfin, on peut se réjouir que les forages aient pu être exécutés sans problèmes de courts-circuits, à l’inverse de ce qui s’était produit en février dernier, à l’occasion d’un transfert d’échantillons réduit en poudre à « Pahrump Hills ». Curiosity a repris la route le 12 août après plusieurs semaines passées dans cet environnement inédit, avec un échantillon en cours d’analyse. Le 18 août, il avait déjà parcouru 132 m.