Quels effets produit l’introduction en bourse d’une entreprise sur sa politique en matière d’innovation ? Rien de bien, si l’on en croit l’étude de deux chercheuses.
La bourse ou la création. C’est un peut le choix cornélien qui semble s’imposer aux entreprises à la lecture de la dernière étude de deux chercheuses : Simone Wies et Christine Moorman des universités de Frankfort et Duke en Caroline du Nord. Les deux universitaires ont en effet passé au crible près de 40 000 nouveaux produits lancés par 207 sociétés entrées en bourse entre 1980 et 2011. En analysant les innovations produites avant et après l’introduction en bourse, elles ont constaté une augmentation des nouveaux produits et services après l’entrée sur les marchés financiers.
En revanche, si elles sont plus nombreuses, les innovations sont beaucoup moins créatives et « disruptives » selon les chercheuses. « Après une introduction en bourse, les entreprises tendent à lancer un grand nombre d’innovations et une grande variété dans chaque innovation (différents parfums, tailles, packaging, etc.). Mais dans le même temps, ces innovations ne sont pas les percées qui conduisent les entreprises dans de nouvelles directions ou vers de nouveaux marchés » écrivent les universitaires.
Le nombre d'innovation (à droite) avant et après l'entrée en bourse face au nombre de d'innovation de rupture (à gauche) en déclin après l'intoduction sur les marchés.Quelle(s) raison(s) pour expliquer cette influence des marchés financiers sur l’innovation ? Selon les chercheuses, l’apparition des actionnaires – plutôt tournés vers le court-terme – nuirait à la créativité des services de recherche et développement notamment. De plus, la nécessité de livrer des rapports financiers lourds liés à l’entrée en bourse inciterait les entreprises à ne plus prendre de gros risques en matière d’innovation.