Bon, c’est décidé, la presse française a trouvé de quoi s’occuper pendant la semaine à venir : interview des passagers, des contrôleurs, des forces de l’ordre et des politiciens, infographies rutilantes et explication sur le fonctionnement des toilettes de train, tout y passera pour occuper leur audience sur l’attentat qui n’a pas eu lieu, l’héroïsme des uns, les petites blessures des autres. Pendant ce temps, le monde continue de tourner. Au vinaigre.
Alors forcément, lorsque tous les indicateurs partent au plancher d’un coup, cela engendre quelque peu la panique dans les salles de conférence de presse. Le choix (entre les événements du Thalys et le petit vent de folie boursier) est cependant vite fait. Et puis ce n’est pas comme si les Français y comprenaient subitement quelque chose en économie.
Et puis, comment ne pas sentir comme un petit parfum d’angoisse lorsqu’après des mois d’incohérence complète sur le marché de l’or (mélange de demande forte du physique et de morosité des achats de banque centrale, couplé à une production en baisse et des prix eux-mêmes en baisse), ce dernier se redresse subitement ? Comment ne pas voir la déflation s’installer gentiment sur à peu près toutes les matières premières, signe d’un ralentissement net de la production, donc de la consommation et de la croissance (désolé François, c’est mal parti pour la fin d’année) ?
La suite, on la redoute déjà : les monnaies vont être chahutées, le dollar constituant le seul refuge pratique actuellement (et logique en période de déflation). Pour le moment, l’euro gagne du terrain, mais qu’en sera-t-il dans quelques semaines, quelques mois ? Pire : comment imaginer que ces variations sur les monnaies (quels que soient leur sens) seront bénéfiques pour une zone euro déjà passablement fragilisée par les péripéties récentes ?
En outre, il reste au milieu de tout ça un véritable éléphant, pas évoqué, mais difficile à manquer : c’est le marché des bons d’états souverains, notamment européens. Les dettes sont colossales, les jeux d’écritures rigolos et créatifs entre les banques, les banques centrales, les différents États et la BCE elle-même se multiplient, mais le total, en bas de la facture, est toujours plus gros et les richesses produites n’arrivent pas à freiner la tendance. Il faut regarder la réalité en face : La Grèce n’est pas un cas épineux, un problème ponctuel qu’on peut traiter séparément. C’est, en réalité, le symptôme d’un mal qui ronge tous les pays à divers degrés : un endettement mortifère par clientélisme social-démocrate débridé, endettement délirant qui est encore aujourd’hui louangé par les épaves keynésiennes médiatiques à la Jean-Michel Krugman. Bref : il arrive, doucement mais sûrement, ce moment où les marchés ne pourront plus gober de nouvelle dette, gavés qu’ils sont des précédentes déjà émises et des gains de plus en plus incertains que la conjoncture laisse entrevoir.
À présent, tout est imaginable, le meilleur — la situation se redresse, les marchés se calment et Hollande, lucide et décidé, réforme le pays pour des lendemains qui chantent — comme le pire — la dégringolade continue, maintenant ou un peu plus tard, entourée des nécessaires précautions oratoires, d’un vivrensemble tous les jours plus punchy et d’une nouvelle vague de solidarité invasive totale.
Or, pour piloter cette situation, nous avons des cadors. Si, avec Nicolas Sarkozy, on avait gagné le ticket médiatique d’un VRP clinquant qui courait d’un sommet international à un autre en prétendant partout qu’il allait sauver le monde et éviter la catastrophe, avec François Hollande, on a récupéré un petit monsieur Loyal, un organisateur de fêtes municipales, un commis aux compromis dont on voit mal l’adéquation avec la situation actuelle. Et je ne vois pas par quelle pirouette intellectuelle on va redresser la situation ou proposer des solutions ou un chemin opérationnel crédible avec l’équipe qui entoure le pauvre chef de l’État, équipe composée — je vous le rappelle — d’incompétents notoires en économie (Michel Sapin, sérieusement ?) bouffis de suffisance et parfaitement déconnectés tant des vrais enjeux que des réalités de terrain.
La tempête arrive. Tout comme les gros grains, elle prendra du temps à se former, elle s’inscrira sur la durée et ses dégâts seront profonds. Pendant les huit années écoulées, on a fait exploser nos déficits, les dépenses de l’État, les gabegies et les magouilles : la France, depuis 2007, a intelligemment choisi de s’endetter comme jamais (avec Sarkozy) et de n’entreprendre absolument aucune réforme de fond (avec Hollande).
Alors forcément, ça va bien se passer.
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