Jean-Paul Sartre l'a fait dire à son personnage de Garcin, qui, dans la pièce Huis Clos de 1944, découvrait, en enfer, que l'être humain est défini par le regard des autres sur sa propre personne.
Il arrive donc bine souvent que l'on déteste le regard que certaines personnes portent sur notre propre personne.
C'était le cas de Magalie.
Belle, de nature simple, elle était dans le groupe d'amis de son chum et avec les années, de plus en plus discrète.
Il y avait une ligne nettement distincte entre la travail et la maison et Pat mêlait si peu l'un et l'autre milieu qu'il ne nouait jamais d'amitiés issues du travail, hors du travail. Il n'allait pas aux partys de Noël, ne se rendait jamais aux anniversaires des collègues, ne jouait même pas dans le club de hockey des gars de la job le jeudi.
Magalie avait lâché famille et amis pour aller le rejoindre à Ste-Anne-de-Bellevue vers 1997. Pas qu'elle n'ait eu une demie-tonne d'amis, mais ces bons amis de 1997 étaient toujours les mêmes 18 ans plus tard. Pour la plupart en amour et en famille, comme Pat et Elle, qui avaient une petite fille de 4 ans ensemble et pensait maintenant peut-être lui faire une soeur ou un frère. Mais Magalie n'était plus sur de rien. Auprès de Pat, elle avait changée. Ou pas assez. Elle ne le savait plus.
Avec le temps, Mag avait gardé des connections avec sa gang de Trois-Rivières, mais voilà, ce n'était QUE des "connections", plus complètement des amitiés. On ne se livrait plus comme avant avec la distance, les enfants, le temps qui égraine toujours ce qui cimente les fondations, chacun et chacune avait grandi sur des voies parallèles.
Rien de grave, rien de calculé non plus. Rien de mal intentionné non plus. Chaque couple avait fondé son jardin et il fleurissait excessivement bien de part et d'autres. Chacun y avait tracé son sentier.
Quand elle s'était confessé de ce nouveau rapport social dans son groupe d'amis à son chum. il s'en était moqué et l'avait ridiculisé. Il l'avait aussi fait publiquement, ce qui avait lourdement atristée Mag. Un trou dans la poitrine. Une violence intime qui n'avait trouvé aucun écho par le passé.
Elle détestait comment ses gens l'aimait maintenant.
Elle souhaitait pratiquement ne plus être désiré de ces gens.
Elle ne se reconnaissait plus dans les regards.
Elle n'existait nulle part.