À la veille de la rencontre des ministres de l’Énergie du G8 avec leurs homologues chinois et indien à Aomori, au Japon, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) publie son « Rapport sur les perspectives des technologies énergétiques », qui vise la réduction par deux des émissions de CO2 à l’échelle mondiale d’ici à 2050.
Le rôle des renouvelables enfin reconnu
« Pour atteindre cet objectif, ce scénario prévoit presque un doublement de la production d’énergie d’origine renouvelable entre 2030 et 2050, ce qui confirme enfin le rôle majeur que peuvent et doivent jouer les énergies renouvelables, longtemps décriées par l’AIE », commente Karine Gavand, responsable de la campagne Climat de Greenpeace France.
Efficacité : le plus grand potentiel est encore sous-estimé
Au lieu de mettre le paquet en faveur du développement de politiques d’efficacité énergétiques beaucoup plus ambitieuses qu’aujourd’hui, l’AIE accorde également une place injustifiée au nucléaire et à la séquestration du carbone, technologies dangereuses et qui sont loin d’avoir fait la preuve de leur pertinence en matière de lutte contre les changements climatiques et de sécurité énergétique.
Il est pourtant très largement reconnu que les politiques de maîtrise de la demande sont les plus efficaces pour protéger le climat, pour sécuriser les approvisionnements énergétiques et faire face à la hausse inévitable des prix de l’énergie. Ainsi peut-on lire dans le rapport 2007 du Giec : « Il est souvent plus rentable d’investir dans l’amélioration de l’efficacité de l’utilisation finale de l’énergie que dans l’accroissement de la production d’énergie pour satisfaire la demande en services consommateurs d’énergie. L’amélioration de l’efficacité a un effet positif sur la sécurité énergétique, la réduction de la pollution de l’air, aux échelles locale et régionale, et l’emploi ». Pour l’Union européenne, le potentiel d’économies d’énergie à l’horizon 2020 représente plus de la moitié de sa consommation actuelle de pétrole, ce qui est considérable.
Recours au nucléaire : une option aussi dangereuse et irréaliste…
Le manque d’ambition de l’AIE en matière d’efficacité énergétique l’amène à accorder une place démesurée, dangereuse et irréaliste au nucléaire et à la séquestration du carbone. Le scénario table notamment sur le quadruplement de la production d’électricité nucléaire, ce qui représenterait la construction de 1 400 réacteurs d’ici à 2050, d’après Greenpeace.
« Cette option est bien sûr extrêmement dangereuse (multiplication des déchets ingérables, des risques de catastrophe majeure et de prolifération incontrôlable), elle est aussi totalement irréaliste, déclare Frédéric Marillier, de la campagne Énergie de Greenpeace France. Le rythme de construction devra être de 32 réacteurs chaque année alors qu’aujourd’hui l’industrie mondiale est sur un rythme moyen de 3 par an ! Et encore : rappelons toutes les difficultés que rencontrent les chantiers de l’EPR en Finlande et en France ! »
… qu’hors de prix et inefficace
Un tel développement de l’atome nécessitera de plus des moyens financiers colossaux : plusieurs milliers de milliards de dollars, selon Greenpeace.
« Les investissements dans le nucléaire ne sont pas à la portée de nombreux pays, et seraient largement mieux utilisés dans les économies d’énergie. Surtout que ce vaste programme nucléaire ne permettrait d’éviter au final que… 6 % des émissions de CO2, selon l’AIE ! », conclut Karine Gavand.