De Montolieu à Tenuta San Leonardo

Par Mauss

La route pour l'Italie passait par le trop peu connu village des libraires : Montolieu (ICI). Pour qui aime l'histoire, notamment celle des Manufactures Royales, vous pourrez descendre dans les anciens bâtiments de celle sise en cette commune (ICI). Pas de TV dans les chambres, une cuisine simple et goûteuse, et un ensemble architectural dont la rénovation est hélas au-dessus des moyens de ce paisible village.

C'est assez poignant de discuter avec un jeune passionné par les livres et revues, qui tient boutique dans le centre du village  où son capharnaum embrasse aussi bien les livres anciens, quasi incunables, qu'une collection rare de la revue Planète, les Bibi Fricotin et la Revue des Deux Mondes, généralement recherchée - dans le temps - par quelques condamnés à mort soucieux de leur futur. Tenir une telle boutique dans un tel endroit, cela devrait être subventionné par le Ministère de la Culture !

Il va y avoir, c'est certain, un long passage à vide pour l'attrait que doit garder le livre, un peu comme ce qui s'est passé pour les vinyles … qui reviennent à la mode. Probablement deux générations : alors, quoi faire en attendant avec toutes ces bibliothèques privées en mal de lecteurs ? Vaste sujet !

Revenons au vin :

Dans ce type d'endroit, toujours se laisser guider par les vins locaux, et là, superbe découverte - en tout cas pour bibi - d'un Domaine proposant des crus méritant le respect :

Minervois de totale gourmandise Le Viognier : voilà un cépage qui semble bien donner d'excellents résultats en dehors de Condrieu. Plus que beau. Mais la totale découverte a été la cuvée PAUL. Nous étions deux et cette topette fut séchée sans aucun problème, la maréchaussée étant assurée que nous n'avions point à véhiculer nos personnalités en dehors du sage escalier menant de la table à la chambre monacale de l'établissement. Et inutile d'insister : ces crus sont certainement - je n'ai pas eu le temps de vérifier - dans une fourchette de prix frisant le scandale des plus beaux RQP de la région. Le voyage se poursuit jusqu'au Trentino où la famille du Marquis Guerrieri Gonzague gère de façon exemplaire une propriété connue des amateurs : Tenuta San Leonardo (ICI).
 On en fera un billet spécifique prochainement, tant il y a à dire, à raconter sur l'histoire de cette région qui a connu l'Autriche et l'Italie, et dont les vins ont atteint une notoriété totalement méritée. Mentionnons simplement deux beautés ayant magnifié un déjeuner sur le bord du lac de Garde, à la pointe San Vigilio, un petit bijou bien connu des amateurs de l'Arena à Vérone qui viennent se reposer entre Aïda et Nabucco.  Une paire plus que royale Dans une petite vanité qu'on saura excuser - histoire de montrer que j'y connais un chouilla en vins transalpins - , j'ai donc insisté auprès du Marquis et son épouse pour choisir les vins, avec un service à l'aveugle du Casanova di Neri, version Rosso di Montalcino 2012.  Le Soave d'Anselmi allait de soi, connaissant à la fois ses vins depuis des lustres et le connaissant lui, un homme pressé qui, passionné par la Lancia Delta Quattro (je vous parle là des années 80), était capable, en moins de 3 minutes, de vous rappeler et réciter à voix basse très vite le confiteor, étant quasi certain qu'au premier virage, vous seriez rappelé de facto auprès de San Pietro. Le mode de conduite pourtant réputé d'Angelo Gaja, c'est de la gnognotte à côté de ce que faisait avec son volant ce fondu de Roberto Anselmi ! Ne pas oublier de mentionner que, comme Voerzio ou Sandrone, Roberto appartient aux hommes qui ont deux coeurs sur les mains.
 Et bien non : on a survécu ! Maintenant, j'apprends qu'il est fana d'hélicoptère et qu'une montée dans les Dolomites avec lui vous offrira des sensations que même Reinhold Messner n'aurait pu vous donner : c'est dire ! Le Rosso di Montalcino de Casanova di Neri (2012) est, dans ce millésime, une pure merveille. Un vin qui se déploie avec une telle élégance, une telle finesse, qu'on est immédiatement dans l'émotion de la découverte d'une beauté totale. On ne peut que vivement le recommander, d'autant plus qu'il doit être, en boutique, à un coût parfaitement acceptable, eu égard à son prix dans ce restaurant de Punta San Vigilio (ICI) : € 50.  Avec les Barbaresco de Cà Növa découverts cette année, voilà de quoi relancer mon enthousiasme pour ces vins transalpins tutoyant les purs bonheurs de quelques bourgognes envoûtants. C'est dire ! Bon : on finit sur une photo qu'on documentera ultérieurement : la collection des tracteurs du Marquis Guerrieri Gonzague, tous en état de marche, avec en sus cette motocyclette (photo ci-dessous) que les américains parachutaient avec les troupes lors du dernier conflit mondial. Et c'est sur ce type d'engin qu'un membre de la famille du Marquis a fait le trajet de Rome à Rovereto !  Ne pas oublier de mentionner le tracteur FIAT, commandé par Mussolini pour ses troupes comme "tracteur" de canons, et pour lesquels il avait interdit qu'il y ait une marche arrière !!! 
 Toute une époque… mais quand même 60 km/h !