A l'occasion de la publication du projet de décret portant sur les zones touristiques internationales autorisant l'ouverture des commerces le dimanche et le soir jusqu'à minuit, Monsieur Bruno Roger-Petit s'est fendu d'un article dont le titre annonce la couleur :
« Travail du dimanche et ZTI: le mauvais procès des réacs de gauche à Macron »
BRP considère que l'opposition de gauche à la loi Macron est motivée par une morale réactionnaire et la volonté de contrôler les classes populaires.
Partant de ce postulat, BRP n'évoque pas un seul argument de ladite opposition : conditions de travail, conditions de vie, situation des familles impactées, notamment les familles monoparentales, impacts sur les associations et le bénévolat, rémunération du travail de nuit et du travail dominical, écologie, bien vivre ensemble, type de société... Des détails...
Non, ce héraut de la liberté estime que l'opposition politique et syndicale de gauche est « malthusienne » et « robespierriste bigote » (ça fout les chocottes ! ). Ainsi, elle :
« prétend enlever à ceux qui ont trop parce qu’elle n’est pas capable de créer de la richesse pour ceux qui ont peu (...) vise à vouloir contrôler, encadrer, guider et mesurer la liberté accordée au peuple. »
Puis, après avoir également repeint les opposants en staliniens de l'époque thorézienne, BRP cite Julien Dray, responsable socialiste à la probité remarquable :
« J’en ai assez d’une gauche qui ne sait plus être la gauche des libertés. J’en ai assez d’une gauche qui veut gérer la vie des gens et faire le bonheur des gens à la place des gens eux-mêmes. J’en ai assez de cette gauche des interdits, des envieux. Quand je suis de gauche, que je vois passer quelqu’un avec une belle voiture, mon objectif ce n’est pas de lui prendre cette belle voiture, mon objectif c’est de permettre à tout le monde d’avoir une belle voiture. »
En l'occurrence, Julien Dray se garde bien de rappeler que la règle du repos dominical visait justement à garantir aux salarié-e-s de ne plus être sous la domination, ce jour-là, de leur employeur, et donc de vaquer librement à leurs occupations familiales, culturelles, sportives, associatives, personelles... Par conséquent, le démantèlement de cette règle grâce à la loi Macron ne rend libre qu'une seule classe, celle des possesseurs des moyens de production.
Quant à la revendication de la redistribution des richesses, Juju la qualifie de jalousie et de vol ! Si je peux me permettre mon pote, je ne suis pas jaloux de tes montres de luxe, et je ne vois pas en quoi le travail dominical et le travail de nuit permettront à tous de s'en offrir, si tant est que le monde ait tes goûts de chiottes luxe...
Au-delà du caractère partisan de son article qui prend pour argent comptant les nouvelles promesses du PS et du MEDEF quant aux milliers d'emplois créés grâce à la loi Macron, BRP fait montre surtout d'une malhonnêteté intellectuelle rare.
En l'espèce, Bruno Roger-Petit n'a pas écrit pour contribuer au débat contradictoire et démocratique, mais pour asséner sa vérité avec un bulldozer.
L'insigne médiocrité de cet article de commande est évidente par rapport aux billets d'Annie, Ex-commerçante aurais-je ouvert le dimanche ?, et de GdeC, Pourquoi il faut lutter contre la Loi Macron et son projet de « civilisation de supermarché ».