Les découvertes d’une fin de dimanche après-midi, dans le 11e arrondissement parisien : un parc, dit « jardin de la Folie-Titon », une chanteuse, un poète.
Une Folie est une maison sous les feuilles (une résidence secondaire), et Titon est le nom d’un fabricant d’armes qui possédait le domaine au XVIIe siècle. Le parc, caché entre les immeubles, presque invisible de la rue, est à l’emplacement d’une manufacture de papiers-peints (qui fera faillite en 1840) où a été confectionné le ballon aérostatique, plus tard appelé montgolfière, qui servit au premier vol humain de ce genre d’engin, vol captif qui s’éleva de cet endroit. C’est dans cette même manufacture qu’ont eu lieu en 1789 les premières émeutes annonçant la Révolution française.
La chanteuse, Leyla McCalla, porte dans son nom une histoire de l’humanité mais c’est avec une sorte d’humilité qu’elle se présente à nous. Peu d’instruments (violoncelle, banjo, guitare, violon, triangle), trois musiciens (dont elle) sur scène, une voix jeune qui véhicule cependant le blues, la Nouvelle Orléans, les airs traditionnels haïtiens et nous parle dans un français qui a traversé l’Atlantique. Elle chante en anglais et en créole les vies simples et difficiles et les espoirs de voir un jour « lamizé fini pou nou ».
Elle présente ses chansons américaines en parlant de poèmes qu’elle a mis en musique. Ce sont des textes de Langston Hughes (1902-1967), poète noir qui a été un acteur majeur du mouvement culturel Harlem Renaissance. Si on trouve un roman et une autobiographie dans l’édition française (notamment grâce à Pierre Seghers), aucun de ses recueils de poèmes n’a été publié en français. Quelques textes peuvent être lus sur Internet et dans des anthologies. Une étude lui a été consacrée par Frédéric Sylvanise, « Langston Hughes : poète jazz, poète blues », publiée en 2009. Barack Obama a cité, notamment, en 2008, son poème : « What happens to a dream deferred? » (Qu’est-ce qui arrive à un rêve différé? ).
Ce concert était donné dans le cadre de Paris Quartier d'Été.