© Vincent Vanhecke
Spectacle dit du IN de Aurillac, Naufrage est très vite apparu comme un évènement à ne pas rater, comme pouvaient en témoigner les grilles dressées alentour du parking de la Tour où il se jouait. Mais pas de ça à Aurillac : pas de grille, ni de quota, et c’est après 10 minutes de vive colère de la foule amassée que les grilles ont sauté pour faire entrer un public nombreux.
Nous sommes disposés autour d’un espace circulaire au milieu duquel une plateforme carrée d’environ 9m² et surélevée supporte, à la verticale, une colonne-structure en aluminium. Nous assistons à une soirée mondaine : alors que tout l’espace environnant est plongé dans les ténèbres, la scène, elle, se déroule dans un décor de lumières colorées et de costumes lumineux, comme cette coiffe rose d’émir, cette longue perruque violette ou ce chapeau éventail ou crête de poule de cette femme à robe dorée, qui ne cesse de caqueter. Un homme assure le service de cette belle société composée de trois hommes et trois femmes, qui, de verres en verres, et au fil de conversations tenues dans un langage inintelligible, vont s’acoquiner dans une lente descente aux enfers qui les mènera à leur perte.
Alors que la fête bat son plein, un délire orgiaque s’empare des convives, la plateforme déstabilisée se transforme peu à peu en radeau, et les joyeux invités en naufragés chahutés au fil des flots. Les parures ont alors fait place aux sacs plastiques avec lesquels il va falloir apprendre à survivre…
Il serait malaisé de ma part de tenter de trop en dire sur un spectacle qui, de toute évidente, a fait le choix des images par rapport aux mots. Les symboles qu’il mobilise sont éloquents. Le discours implicite oscille alors entre une anticipation cauchemardesque et critique politique, situation fictive et références actuelles. Accompagnée dans cette longue et progressive fable visuelle, poétique et engagée, j’en suis ressortie bouche-bée. L’épreuve d’un naufrage n’aurait pas plus bel éclat.
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