Les enterrements sont souvent l’occasion de retrouvailles. Un être part. Ses proches se retrouvent pour célébrer ce dernier chemin, pour essayer d’y donner du sens. Ils oublient, l’espace d’un instant, tout ce qui peut les séparer, les diviser. Parfois même, ils réexistent – toujours l’espace d’un instant – comme une véritable entité, comme s’il n’y avait jamais eu de distance.
J’ai vécu aujourd’hui, en observateur bienveillant, un tel phénomène. Il a suffi d’une mort stupide, brusque, inacceptable pour que des familles écartelées se retrouvent, avec tendresse, comme les doigts de deux mains, faites pour se caresser et se réunir. En particulier, une famille nombreuse qui m’est chère s’est retrouvée, pour la première fois depuis longtemps, au grand complet, unie dans la même détresse, mais aussi sans doute dans le même amour.
Cela n’a sans doute l’air de rien, pour ceux qui ne sont pas concernés. L’essentiel, en ce jour, était sans doute ailleurs, autour de ce cercueil qui n’aurait jamais dû exister, ou du moins pas maintenant.
Pour moi, cependant, en ce soir de tristesse, l’essentiel était ailleurs. Simplement dans le fait de voir cette famille réunie, compressée dans cette voiture trop petite pour accueillir tout le monde. J’ignore totalement ce qui s’est passé une fois que la voiture est partie vers la dernière demeure de cet être parti trop tôt, trop mal. Mais je garde, au plus profond de mon cœur, ces mains qui me témoignaient leur tendresse, mais qui surtout – sans même peut-être en avoir conscience - ne faisaient soudain plus qu’une. Au-delà de la séparation.