Pas facile de donner une conclusion propre en seulement huit épisodes à une série qui a connu tellement de personnages, tellement d’histoires différentes, et pourtant ce qui semblait être un pari risqué s’est avéré être un pari réussi. Pour cette dernière saison, Boardwalk Empire a voulu faire un bon dans le temps afin de se rapprocher de la fin de la prohibition et donc de venir à bout de l’histoire qu’elle a voulu raconter depuis le début. Le seul vrai défaut de la saison aura été de passer au delà de tout un tas de choses qui auraient pu être intéressantes mais d’un autre côté, HBO n’a pas trop laissé le choix à Terrence Winter qui a du faire avec ce qu’il avait entre les mains : 8 épisodes. Seulement. Et de ce point de vue là, la série occupe donc sept années d’évènements (notamment le krach boursier de 1929, la mort de Rothstein, le massacre de la Saint Valentin de 1928, etc. Nous sommes maintenant en 1931, Al Capone est au sommet à Chicago, Nucky prépare petit à petit son futur tout en s’éloignant de ce qui a fait sa fortune durant tant d’années et Luciano fait bouger les choses à New York. Nous suivons donc les histoires des personnages à différents coins de la côte Est (si l’on peut parler de Chicago comme faisant partie de la côté Est).
La fin de la prohibition est une fin importante dans l’histoire des Etats-Unis. Mais c’est aussi le signe que Nucky doit arrêter son business qui reposait énormément sur cette prohibition. Cela a fait sa fortune et la façon dont Boardwalk Empire compte lui permettre de se ranger des voitures est assez intelligent. Surtout que la conclusion que la série offre au personnage est à la hauteur de mes attentes, à celle d’un gangster de l’envergure de Nucky Thompson. Terrence Winter a su créer une série particulièrement forte avec des personnages emblématiques et Nucky en fait justement partie. l y a donc de très belles scènes où l’on voit Nucky sous des coutures différentes, histoire de rappeler par moment l’homme qui a été et celui qu’il est petit à petit en train de devenir, c’est à dire un homme qui laissera une trace dans l’Histoire, rien de plus. La conclusion se veut assez naturelle et au fil des 8 épisodes qui composent cette dernière saison, on n’a jamais l’impression que quelque chose est de trop ou même que quelque chose vient à manger (si ce n’est les sept années que la série a décidé de sauter). Mais il fallait aussi faire un choix, couper ces 7 années ou bien se concentrer sur ces 7 années. La saison n’oublie pas de raconter un peu du passé sur la table grâce à quelques flashbacks émotionnellement assez forts.
On nous raconte l’histoire d’un Nucky enfant et adolescent. On vient nous rappeler que le passé a un grand pouvoir de décision sur le futur que l’on devient. Steve Buscemi brillera encore une fois et sera accompagné de ses acolytes une dernière fois. Al Capone va aussi démontrer que d’être resté un peu au placard pendant tout ce temps était aussi une manière de petit à petit nous conduire à cette inexorable course au succès. Chicago est d’ailleurs un beau terrain de jeu pour le téléspectateur et la série s’en sort de façon royale. La série parvient surtout avec cette dernière saison à retracer le passé de son héros et à lui donner une conclusion digne du personnage et de ce qu’il a accompli. Ce n’est pas la fin la plus heureuse du monde mais c’est la fin la plus logique, celle d’un homme qui a maintenant fini ce qu’il devait faire et qui, en mourant, laisse sa place à quelqu’un d’autre. Boardwalk Empire a toujours été centrée autour de Nucky (un spin off autour d’Al Capone n’aurait probablement pas été de trop si jamais Terrence Winter se sentait l’envie de raconter les sept ans « perdus » et la gloire du gangster le plus connu de Chicago) et c’est donc sur lui que s’achève le récit d’une saison émotionnellement forte.