Patrizia : Est-ce que nous allons dormir dans le même lit ?
Madame H : Éclate d’un rire amusé.
Vous voulez faire un autre bébé ?
Rit encore. Reprend son sérieux, regarde Patrizia au fond des yeux.
Nous ferons chambre séparée mademoiselle. Soyez sans crainte, je ne suis pas celle que vous croyez.
Pouffe encore. Se reprend.
Je côtoie tous les jours les plus belles femmes du monde. C’est mon métier : ajouter du beau à la beauté. Décorer des corps parfaits. Habiller des peaux impeccables que je n’ai jamais eu envie de toucher. On ne choisit pas. J’aime les mains des hommes, leur cou, leur nuque. Leurs veines. Leur barbe quand ils se réveillent. Leur tête ahurie le matin. On dirait qu’ils émergent des profondeurs de la terre. Moi, j’ai le sommeil léger. J’ai froid. Je me retourne. Je vais à la cuisine. Je me fais un thé. Je reviens me coucher. Je refais le plan de la journée. Je regarde le noir du plafond. Je m’endors toujours sur la pointe des pieds.
Alors, pas question de partager le même lit, mademoiselle. Nous ferons cause commune mais chambre séparée.
Patrizia : Ça veut dire que je suis engagée ?
Madame H : Ça veut dire qu’il faut encore voir les résultats de l’examen médical. J’appelle le médecin. Je vais vous demander de sortir un instant.