#Grèce #Syriza #Unitépopulaire
20 AOÛT 2015 | PAR LA RÉDACTION DE MEDIAPART
La frange la plus à gauche de Syriza a annoncé, vendredi 21 août, la création d’un nouveau parti indépendant, baptisé « Unité populaire ». Des élections législatives anticipées doivent avoir lieu en Grèce le 20 septembre. Alexis Tsipras a présenté sa démission dans la soirée du jeudi 20 août.
Panagiotis Lafazanis dirigera le parti Unité populaire, qui rassemblera une partie des anciens députés de Syriza opposés au nouveau plan d'aide négocié entre Athènes et ses créanciers. (AP Photo/Yannis Liakos) YIANNIS LIAKOS / AP
La faction la plus à gauche du parti Syriza du premier ministre Alexis Tsipras a décidé de faire sécession pour fonder un nouveau parti indépendant avec 25 parlementaires, indique un vice-président du parlement grec, vendredi. Ce nouveau parti s'appellera "Unité populaire". Il sera dirigé par l'ancien ministre de l'énergie Panagiotis Lafazanis qui a pris la tête de la fronde contre le troisième plan de renflouement financier de la Grèce négocié par Alexis Tsipras.Avec 25 députés, cette nouvelle formation sera la troisième en importance de la Vouli, assemblée de 300 membres, devant le parti centriste To Potami et le parti d'extrême droite Aube dorée qui comptent 17 élus chacun. Cette scission intervient après la démission d'Alexis Tsipras jeudi, une initiative qui devrait aboutir à la tenue d'élections législatives anticipées sans doute le 20 septembre.Ni Yanis Varoufakis, l’ancien ministre des finances qui avait été poussé à la démission au début de juillet, ni Zoé Konstantopulou, présidente du Parlement, ne figurent dans la liste des parlementaires ralliant ce nouveau parti. Tous deux avaient pourtant été très critiques envers l’attitude d’Alexis Tsipras, qu’ils accusaient d’avoir cédé aux exigences des créanciers d’Athènes trop facilement.Le premier ministre grec Alexis Tsipras a en effet présenté jeudi 20 août sa démission au chef de l'Etat afin d'ouvrir la voie à la tenue d'élections législatives anticipées le 20 septembre. Selon l'agence grecque ANA, Alexis Tsipras « propose des élections anticipées le 20 septembre ». Sa démission est nécessaire pour que le scrutin ait lieu. Arrivé au pouvoir en janvier, Alexis Tsipras est confronté à une opposition de l'aile la plus à gauche de son parti, Syriza, depuis qu'il a conclu un accord avec les créanciers d'Athènes sur l'octroi d'un troisième plan d'aide financière à la Grèce en échange de nouvelles mesures d'austérité.« Le mandat que j'ai reçu le 25 janvier a atteint ses limites et le peuple grec a désormais son mot à dire », a déclaré Alexis Tsipras lors d'une allocution retransmise à la télévision. « Le Parlement actuel ne permet pas de dégager un gouvernement majoritaire, ni un gouvernement d'union nationale », a-t-il dit ensuite au président, Prokopis Pavlopoulos. Lors de son intervention à la télévision grecque, le chef du gouvernement a défendu le compromis trouvé avec les créanciers, tout en affirmant qu'il n'était pas à la hauteur de ses propres attentes. « Je vais être honnête avec vous : nous n'avons pas obtenu l'accord que nous voulions avant les élections de janvier », a-t-il reconnu. « Je ressens profondément la responsabilité morale et politique de remettre à votre jugement tout ce que j'ai fait, mes réussites comme mes échecs », a encore dit Alexis Tsipras à l'adresse des électeurs.
« L'objectif est d'avoir des élections le 20 septembre », a dit une source gouvernementale, jeudi 20 août, après une rencontre entre le premier ministre Alexis Tsipras, les principaux dirigeants de son parti Syriza et des ministres pour discuter de cette question. Tsipras a dû précipiter son calendrier après le refus d'un tiers des élus de son parti de soutenir le nouveau programme gouvernemental, le privant virtuellement d'une majorité dont il dispose au parlement. Cette accélération s'explique également par la volonté de Tsipras de retourner devant les électeurs avant que se fassent sentir les effets des nouvelles mesures d'austérité.Le chef du gouvernement peut en outre compter sur une solide popularité. Syriza était crédité par un sondage le 24 juillet de 33,6 % des intentions de vote. Ce bon chiffre en fait le parti le plus puissant de Grèce mais n'est pas suffisant pour envisager de gouverner sans des partenaires de coalition.Les rumeurs entourant de possibles élections anticipées au mois de septembre se sont multipliées au cours des derniers jours, plusieurs responsables dont le ministre de l'énergie Panos Skourletis ayant ouvertement appelé à un retour devant les électeurs. La probabilité d'un tel scénario est renforcée par la décision du gouvernement de ne pas solliciter un vote de confiance au parlement. Selon la télévision publique ERT, certains membres de Syriza seraient favorables à des élections les 13 et 20 septembre tandis que d'autres plaident en faveur d'un scrutin en octobre.Alexis Tsipras avait conduit son parti Syriza à la victoire lors des législatives de janvier en faisant campagne contre la politique d'austérité menée en Grèce. Après sept mois de négociations parfois tendues avec les créanciers internationaux d'Athènes, le chef du gouvernement a accepté un plan de renflouement financier de 86 milliards d'euros assorti de hausses des impôts et de réduction des dépenses publiques.La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé jeudi qu'elle avait reçu, comme prévu, un remboursement de 3,2 milliards d'euros acquitté par la Grèce au titre de sa dette. Ce remboursement portait sur des obligations d'Etat parvenues à maturité. Après l'annonce d'Alexis Tsipras, le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a dit espérer que les soubresauts de la vie politique grecque n'allaient pas remettre en cause la mise en œuvre des mesures consenties par Athènes.« Il est essentiel que la Grèce maintienne ses engagements envers la zone Euro », a-t-il jugé dans une déclaration envoyée à Reuters par courrier électronique. « Je rappelle que le nouveau paquet de réformes a recueilli un large soutien des députés grecs et j'espère que les élections vont permettre d'obtenir un soutien plus large encore du Parlement », a ajouté Dijsselbloem.
(Reuters)http://www.mediapart.fr/article/offert/009d90f766e3ea9778842785a4acf669