Ce pays peut-il connaître la paix ?

Il est 00h45, je ne dors pas. En fait, je suis couchée, prête à rejoindre les bras de Morphée. Mes yeux s’embuent petit à petit avant de se fermer. Mais un bruit sourd retentit. Puis un second et d’autres encore suivent. Qu’est-ce dont ? Ils ne sont pas encore en train de se battre ?

Je décide de rallumer mon ordinateur, pour vérifier. Internet ne marche pas. Il est 00h50. Non ce ne sont pas des feux d’artifice. Des coups de feu ? Je ne sais pas, mais ce bruit est sourd, les coups de feu sont généralement plus secs…

Le 4 juin, j’étais en reportage au salon Rebuild Lebanon : reconstruire le Liban ! Toute les personnes que j’ai pu interroger étaient heureuses d’être là. Pour elles, ce salon symbolise la renaissance du pays, son renouveau, le nouveau calme sécuritaire et politique. La plupart croyait vraiment en l’avenir. “Nous aimerions que ce soit la dernière fois que ce salon s’appelle Rebuild Lebanon ! Nous ne voulons plus construire le Liban, nous voulons le rendre beau, l’améliorer, le faire évoluer”, m’expliquait Carla Yared, de chez Jean-Claude Yared & Fils. Elle m’explique alors que selon elle, “le Liban est un pays test”. “Il y a tellement de communautés différentes, si ce pays implose, alors le test sera terminé : personne ne sera capable de s’entendre dans ce monde”…

En arrivant le 5 juin au travail, j’ai pu découvrir qu’il y avait eu des heurts dans Beyrouth-ouest. Un jeune du Courant du Futur, de Saad Hariri avait été blessé. Il est toujours à l’hôpital. Les bruits se sont tus, il est 00h55 ! Internet ne marche toujours pas. Je ne saurais que demain matin ce qu’il en est…

En me levant, je décide de demander à ma colocataire si elle avait entendu la même chose que moi. Réponse : “Oui,je crois qu’ils se battaient”… On se regarde, nos yeux expriment notre fatigue physique et mentale. Pas encore !

En arrivant au travail, je demande. Il semble que c’était un feu d’artifice vers minuit et demi. En revanche, en attrapant l’Orient-le Jour, je peux lire ceci : « la recrudescence des heurts intersectaires, comme hier, tard en soirée, à Tarik Jdidé, où la colère gronde toujours, et à Aramoun, où un jeune homme de la famille Baghdadi a été blessé. » Cela va-t-il vraiment recommencer ?