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La reine Isabel chantait des chansons d'amour

Publié le 20 août 2015 par Lommedesweppes
Lorsque j'ai vu le titre de cet ouvrage bien en vue sur une table de la mщdiathшque l'Odyssщe de Lomme, j'ai pensщ immщdiatement р Alice Sapritch jouant les duшgnes dans le film La Folie des Grandeursа: лаUne reine d'Espagne ne chante pas de chansons d'amourа!а╗.
Ma curiositщ mise en branle, j'ai empruntщ le livre et commencщ р le lire. Aprшs avoir passщ le cap du premier chapitre, j'ai compris que la reine Isabel n'щtait pas une reine d'Espagne, mais la reine des prostituщes dans une des compagnies salpъtriшres perdues dans les vastes щtendues dщlirantes du dщsert d'Atacama, au Chili. Un univers dans lequel ses compagnons de vie s'appelaient le poшte Artimon, l'Astronaute ou Cheval Indien, o∙ ses collшgues prostituщes portaient des surnoms pittoresques comme l'Ambulance, Miss Baratin ou Deux Virgule Quatre.
Mais aujourd'hui la reine Isabel est morte. Hernan Rivera Letelier, ancien mineur du salpъtre, nous raconte dans un style puissant et burlesque son enterrement, qui marque щgalement la fin d'un univers р la fois dщsespщrщ et dщbordant de vitalitщ.
ла... Avec la mort de cette prostituщe lщgendaire et chщrie c'est non seulement la Compagnie qui a commencщ р mourir mais aussi, avec elle, tout le dщsert salpъtrier... Et je me souviens parfaitement de la cщlшbre oraison funшbre (folle et sentimentale oraison funшbre qui nous fit rire et pleurer р la fois) prononcщe au cimetiшre par le poшte Artimon sous le soleil de ce lundi de deuilа; c'щtait, en vщritщ, une sorte de requiem pour toute la rщgion du salpъtre qui, pour nous les plus vieux, a commencщ р disparaюtre lentement р compter de ce jour-lр, р se dissoudre comme un lщger tourbillon de sable au milieu du dщsert pour n'ъtre plus qu'un mirage de folie tragique dans notre mщmoire tremblante.а╗
Ce livre n'est pas de ceux qui se lisent d'une traite jusqu'au bout de la nuit. D'un style profond et puissant, il se digшre plutЇt chapitre aprшs chapitre, et р chaque fois, et surtout р la fin, on croit entendre rщsonner dans notre tъte les trompettes d'Ennio Morricone dans les Western de Sergio Leone.
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