[Critique] VIVE LES VACANCES

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : Vacation

Note:
Origine : États-Unis
Réalisateurs : John Francis Daley, Jonathan M. Goldstein
Distribution : Ed Helms, Christina Applegate, Skyler Gisondo, Steele Stebbins, Leslie Mann, Chris Hemsworth, Chevy Chase, Beverly D’Angelo, Charlie Day, Norman Reedus, Michael Peña, Elizabeth Gillies…
Genre : Comédie
Date de sortie : 19 août 2015

Le Pitch :
Désireux de resserrer les liens familiaux, un père de famille organise un voyage en voiture à travers les États-Unis, afin de rallier Walley World, le parc d’attractions préféré des américains. Un voyage qui ne sera pas de tout repos…

La Critique :
Voilà le genre de film typique qui défrise la critique. Vous pourrez lire ici ou là que c’est tout pourri, et vulgaire, et qu’il ne faut certainement pas perdre son temps (et son argent) devant une telle bouse. Des trucs comme Vive les Vacances sont cependant utiles pour beaucoup de journalistes de la presse spécialisée (ou non), en cela qu’ils leur offrent une belle occasion de rappeler à qui veut bien l’entendre à quel point ils sont bien trop malins pour en rire et que, en tant que gardiens du bon goût, il est de leur devoir de conseiller plutôt le dernier film français dans lequel des personnes pétées de thunes discutent sur la Rive Gauche en sirotant du vin hors de prix. Ainsi, généralement, les longs-métrage très « américains » comme celui-ci ne sortent même pas au cinéma chez nous et restent cantonnés aux cercles des cinéphiles qui ne jugent pas un film à son affiche, et qui savent que se marrer devant un mec qui pète, n’empêche pas, l’instant d’après, d’apprécier un Woody Allen ou d’écouter du jazz en buvant un Merlot.

Alors il est sûr qu’avec Vive les Vacances, ça ne vole pas très haut. Tant mieux car ce n’est pas du tout ce qu’on demande au film du duo John Francis Daley (un transfuge de la série Freaks and Geeks, auparavant au scénario du diptyque Comment tuer son boss ? et prochain scénariste du nouveau Spider-Man) et Jonathan M. Golstein. Sorte de suite ou de faux remake de Bonjour les vacances, un classique de la comédie yankee réalisé par Harold Ramis et scénarisé par le grand John Hughes, Vive les Vacances voit donc le gamin du premier, aujourd’hui père de famille à son tour, faire la même chose que son paternel en son temps, à savoir emmener les siens à Walley World, un parc d’attraction hyper populaire. Un long-métrage qui vient d’ailleurs se placer à la suite de plusieurs suites tombées depuis bien longtemps dans l’oubli (dont une intitulée en français Le Sapin a les boules). Bref…
Road movie dans la plus pure tradition d’un style vraiment pas populaire dans l’Hexagone, le long-métrage peut très bien s’apprécier indépendamment des autres films, comme le souligne le personnage de Ed Helms au détour d’une réplique plutôt drôle. Programmé en cette fin d’été dans les cinémas français, le film ne devrait pas rameuter les foules et c’est dommage tant il encourage à un lâcher prise totalement raccord avec un esprit estival dénué de cynisme. Sorte d’enfilade XXL de gags plus ou moins lourdingues, Vive les Vacances ne s’arrête jamais. Construit comme tout bon road movie qui se respecte, il met en scène le périple catastrophique d’une famille poissarde au possible, et distille une morale bien américaine tout à fait attendue dans ce genre de production. Aucune raison de bouder son plaisir. Alors que les Griswold (le nom de la famille) bouffent du bitume, les étapes de leur voyage sont autant de prétextes à l’arrivée de guest stars plus ou moins prestigieuses, dont parmi les plus notables, Chris Hemsworth (hilarant dans un rôle à total contre-emploi), la toujours fantastique Leslie Mann, Norman Reedus (le Daryl de The Walking Dead, plus monolithique que jamais), et bien sûr le couple Chevy Chase/Beverly D’Angelo, histoire de faire le lien avec les films précédents.

Qu’ils embarquent dans une bagnole improbable, qui constitue à elle seule le running gag le plus efficace du lot, qu’ils se baignent dans de prétendues sources chaudes qui se révèlent être une décharge à ciel ouvert, ou qu’ils soient pris en chasse par un routier revanchard, les personnages de Vive les Vacances sont d’objet de situations certes prévisibles mais véritablement bien amenées et donc souvent très très drôles.
Cela va de soit, mais mieux vaut goûter à ce genre d’humour. Si le trailer ne vous a fait ni chaud ni froid, pas la peine de se précipiter, car le film y est complètement fidèle. Il n’y a pas tromperie sur la marchandise. Les acteurs, Ed Helms et Christina Applegate en tête, donnent le La et s’avèrent parfaitement à l’aise dans un registre qu’ils maîtrisent à merveille. Écrit comme une succession de sketchs, certes un peu inégaux mais globalement assez vifs et jusqu’au-boutistes pour encourager au moins un rire bien gras tous les quarts-d’heure, le long-métrage va loin quand il s’agit de verser dans la vulgarité la plus potache. D’où les critiques négatives de ceux qui s’estiment probablement trop distingués pour se gondoler devant Chris Hemsworth et son pénis géant. Il faut comprendre où on met les pieds. Les amateurs pour leur part, vont se sentir à la maison et le film va probablement mettre à rude épreuve leur vessie autant que leurs zygomatiques. Vive les Vacances ne pète pas plus que son cul. Et curieusement, il ne pète pas du tout. Étrange car il fait tout le reste, sans s’interdire quoi que ce soit, tant que la ligne jaune est franchie. Il tend la croupe à ses détracteurs, le sourire aux lèvres, n’a pas peur de faire un four, et s’avère très généreux. Du début à la fin, il se mange sans faim et constitue un très bon divertissement assumé, avec ses qualités et ses défauts, sans prétention aucune, ni l’envie de se prendre pour ce qu’il n’est pas. En soi, le film estival idéal (et puis c’est cool de finir sur un rime non ? Juste histoire d’insuffler un peu de poésie voyez-vous…).

@ Gilles Rolland

Crédits photos : Warner Bros. France