"Depuis mon coeur crevé je vais faire ça, raconter ta mort, ta maladie, ton agonie. Du jeudi 19 au lundi 23 décembre ; quatre jours, trois p'tit tours et puis s'en vont. Je vais relater dans le détail ta lutte, ton combat, blitzkrieg, parce que, putain, qu'est-ce que tu as été forte dans cette traversée de la fièvre et de la douleur. Médaillée, croix de guerre."
Comment parler d'un évènement aussi absurde et terrible que celui de la perte de son enfant ? A la veille de Noël. A la veille de ses 16 ans. Après trois jours d'une fièvre implacable, que le corps médical tentait de soigner négligemment avec quelques aspirines, le coeur de Camille cesse de battre. Sophie Daull réussit ce pari, sans trop de pathos, avec juste la bonne dose de délicatesse, de pudeur, de tristesse, d'humour qui permet à ses phrases de dresser le portrait en creux d'une jeune fille adolescente, qui ressemblait à toutes les autres filles de son âge, mais qui était unique pour ceux qui l'aimaient.
Récit d'un deuil, d'un enterrement, ce roman enveloppe, apaise, tente de trouver du baume au coeur. Il envoie tout de même des petits coups dans le ventre qui font brutalement monter les larmes aux yeux. J'ai aimé pour ma part qu'il soit si réaliste, si proche du quotidien, piqueté d'ironie, et que rien ne nous soit épargné de la crudité de ces moments, pendant lesquels, malgré la douleur, la vie ne cesse d'avancer. Un très beau roman, qui n'est pas seulement le témoignage d'une mère endeuillé, mais également le journal d'une survie.
Editions Philippe Rey - 16€ - 20 août 2015
Je participe au challenge 1% rentrée littéraire qui consiste à lire au moins 6 livres de la rentrée littéraire (clic sur l'image pour plus de détails). Challenge : 1/6.