Christopher McQuarrie, 2015 (États-Unis)
A TEMPO ANIMATOCette nation d'agents troubles n'atteint pas tout à fait les hauteurs de la Burj Khalifa du Protocole de Bird (le quatrième et précédent épisode qui date de 2011) et l'on se demande cette fois (mais on aurait très bien pu se faire la réflexion avant) comment ces espions de l'extrême arrivent à trouver du temps pour sortir, toujours au bon moment cela va de soit, le parfait PowerPoint qui récapitule la situation (avec peu de textes et plein d'illustrations) à qui, dans la salle, sort le nez du paquet de pop-corn ou à qui, sur l'écran, sera chargé d'aider à préserver l'équilibre instable du si petit monde parcouru. Cependant, même moins haut, avec les incohérences inhérentes au(x) genre(s) (grosse production, espionnage, comédie ou scientifique infraction, on ne sait plus lequel privilégier), le plaisir reste grand.
La Biélorussie (où le décollage d'un colosse avec un Cruise minuscule accroché à son flanc impressionne), la Malaisie (à peine, histoire de bidouiller un fil sur le toit d'un immeuble), Paris ou La Havane (en trompe-l'œil), Casablanca (la folle course-poursuite en motos dans un dédale de rues), Vienne (ah l'opéra, ses coulisses, ses tireurs partout cachés et ses dérobades multiples !) et Londres (le final d'un jeu de dupes à grande échelle), comme le dit Benji dans sa complainte (Simon Pegg moins enfermé que lors de précédentes missions), on voit du pays sans bouger de place.
J.J. Abrams et son Bad Robot participent à nouveau à la production et ce coup-ci, au cinquième épisode, Christopher McQuarrie réalise. Ami de Bryan Singer et d'abord scénariste ( Usual suspect, 1995), McQuarrie et Tom Cruise s'étaient déjà retrouvés aux génériques de mêmes films, par exemple (Singer, justement, en 2008) ou Jack Reacher (2012). Dans Rogue Nation, l'influence d'Abrams paraît forte et la personnalité de McQuarrie trop peu discernable. Toutefois le réalisateur (et toujours scénariste) maintient un rythme soutenu (il sait aussi ménager des temps de pause pour mieux accélérer ensuite), assure la diversité renouvelée des situations (rappant le bitume à grande vitesse, plongeant dans les airs avec quelques palettes d'ogives sur le dos, ou sous l'eau en apnée dans une centrifugeuse géante), sans parler des combats virevoltants autant que fracassants. Néanmoins la réussite ne serait pas tout à fait ce qu'elle est sans un atout charme (hélas, elle eût été plus belle encore si Jessica Chastain n'avait pas refusé le rôle), digne d'une Bond-girl, Rebecca Ferguson alias Ilsa Faust (qui a parlé d'un pacte ?), sait non seulement sortir de l'eau en maillot (après Ursula Andress et Halle Berry) et parfaitement dénuder sa cuisse en armant un gros flingue, mais également serpenter sur une corniche lancée comme une fusée, se battre au couteau contre un pas commode et accessoirement sauver Hunt-Tom Cruise de la noyade. Ça donne envie... Allez, on saute ?