Nicolas Sarkozy s’est exprimé hier soir, déclenchant les habituels billets hystériques de certains blogueurs gauchiste (Correction réalisée et réorientation du lien réaménagé pour des besoins diplomatiques). Une bonne partie se dédouane de tous soupçons "collabo" en affirmant fièrement ne pas avoir pu rester devant l'écran de télévision tout en se contraignant par la suite à une analyse plus ou moins poussée de l'intervention. Paradoxal.
Cette intervention, si elle n'est effectivement pas d'une importance particulière confirme pourtant les modifications dans la manière d'exercer de la fonction de président de la république. D'abord notons cette réponse furtive à une question sur son changement de style, l'on comprend bien qu'il se force désormais à ne pas être celui que le monde entier qualifie de bling bling...
Second signe de modification sur le fond cette fois-ci, le Nicolas Sarkozy président fait preuve de beaucoup plus de cartésianisme que le NS candidat au moment d'aborder les questions économiques. Non, un point de croissance ne va pas "se chercher" fusse avec toute la hargne et le courage nécessaire. A de nombreuses reprises, les différents paramètres de la mauvaise conjoncture économique actuelle furent rappelés, comme pour timidement dire, enfin, que le politique n'a plus emprise sur le système économique mais qu'il en est bien plus souvent la victime. Cours du brut, Euro fort, Dollar faible, Inflation, les nouvelles ne sont pas bonnes et c'est faire preuve de méconnaissance économique la plus totale que d'allouer ces mauvaises nouvelles au passif de l'exécutif. Malheureusement la formation économique des français laisse souvent à désirer... Ils se rendent désormais compte que le "président du pouvoir d'achat" ne peut strictement rien faire. A l'inverse, il fallait faire preuve d'un sacré culot pour s'auto attribuer la baisse du chômage dans notre pays laquelle n'a strictement rien à voir avec l'action politique mais est plutôt conséquente à des modifications démographiques profondes. D'une certaine manière NS a raison de s'en féliciter puisque la majorité des français lui reproche son inaction face à l'inflation. Donnant-Donnant.
Comme nous le disions encore ici hier, NS donne, à juste titre, des signes d'apaisement de sa motivation outrancière. A vrai dire la crise économique qui se joue depuis l'été 2007 coupe sévèrement les marges de manoeuvre encore disponible à notre pays. Comme le rapelle Jean Marc Sylvestre dans son éditorial économique chaque matin sur LCI (ce dernier qui aurait été sûrement plus compétent que la chère présentatrice de F3 sur les questions économiques) la conjoncture actuelle contraint notre establishement à une sévère redistribution des cartes, il faut réduire la voilure sans toutefois étouffer la consommation qui lézarde et qui tire encore la croissance vers les pauvres 1.5% qu'il nous reste... Grâce à la crise des subprimes et à ses conséquences, la conjoncture nous offre une fenêtre d'action pour organiser un retrait de l'Etat omniprésent, véritable mastodonte handicapant dans un monde de mobilité et rapidité.
Intéressante au même titre, l'argumentation sur l'allongement de la durée de cotisation, je ne comprends même pas qu'il puisse encore exister des adversaires à cette théorie compte tenu de l'urgence de la situation et de la totale impossibilité de faire autrement et de l'effort réalisé par la France de conserver en partie le principe de redistribution malgré son inefficacité totale dans cette configuration démographique naissante (Papy Boom).
Finalement cette intervention ne contient rien de substantiel, en partie à cause de la nullité des journalistes sélectionnés (Véronique Auger, Pujadas et PPDA pathétiques) intervenant pourtant particulièrement précieux sur des questions prépondérantes comme les agitations économiques actuelles (Elle s'est cantonné au pouvoir d'achat et au prix du gaz, traitant sûrement une certaine frustration personnelle) mais en partie à cause de l'attitude de Nicolas Sarkozy lui même visiblement plus intéressé par la séduction et le paraître que par le fond et l'orientation politique future. Le quinquennat continuera donc son bonhomme de chemin coincé entre le centrisme et la droite trés pâle le tout axé autour de tentatives d'ores et déjà vaines de contres de la conjoncture et des lourdes tendances économiques mondiales...
Les Français se complaisent à rêver d'un Etat capable de tout solutionner d'un claquement de loi, prix, salaires, retraites et ce en faisant totalement abstraction (et l'intervention d'hier le prouve*) des agissements de nos voisins...
NS donne parfois l'impression qu'il peut encore se muer en grand magicien... Rassurons nous, de moins en moins.
* 15 min sur 90 min de questions de politique étrangère dans un contexte de mondialisation.