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Un "libéral" est il forcément un con borné ?

Publié le 30 avril 2008 par Careagit
Il faut que je vous explique. Fort d'une récente prise de bec sur la blogosphère, j'ai rencontré quelques blogueurs de gauche... et eux m'ont rencontré aussi. Le très cher Nicolas de « Partageons mon avis» publie dans un récent billet, une léger mais néanmoins appuyé tacle à l’encontre de votre serviteur. Ce billet, dont le titre « Antilibéral » et « Antitravail » plante rapidement le décor, aborde certains problèmes actuels, de la politique de NS en passant par les retraites et poussant la réflexion jusqu’à préciser sa conception du développement qui semble être de « moins travailler ».
Dans un premier temps tout d’abord Nicolas semble regretter que Nicolas Sarkozy déplaise à certains électeurs de droite. En la matière je peux effectivement lui répondre que, à l’image des divergences d’opinions présentes au PS, il existe à droite un panel large d’attitude politique depuis peu couverte par le semblant de rassemblement de la droite sous la bannière UMP. Cette stratégie avant tout mathématique dont le but ultime est de remporter les rendez vous électoraux (supprimant ainsi les scissions et les triangulaires (RPR, UDF etc.) souvent défavorable à la droite) a pour pendant le manque de clarté de ce qu’est une politique de droite. Il n’échappera à personne que l’échiquier politique de la France est en tout point spécifique et ne rencontre d’égal que d’en de très peu de pays. C’est ainsi qu’un ministre de gauche Anglais ou Américain est bien plus proche de l’UMP que du PS. Parallèlement à ces déplacements de ligne politiques, le paysage politique français reste malgré tout très marqué par le concept d’Etat très puissant et très interventionniste (à tord ou a raison). Au final donc les différentes politiques menées dans notre pays ne se réfèrent que très peu aux idéaux économiques politiques ou sociaux. Pensons notamment aux agissements de Mitterrand instaurant une quasi politique de rigueur lorsque le besoin se faisait ressentir. Nicolas Sarkozy n’échappe pas à la règle et réussit en plus le magnifique tour de passe-passe de se réclamer de la droite décomplexée tout en allant prôner l’investissement public sur le site de Gandrange ou en remettant en cause l’indépendance et les agissements de la banque centrale européenne…
Depuis son arrivée au pouvoir la politique appliquée n’est que très peu libérale (terme que je n’apprécie pas trop puisque généraliste mais employé par Nicolas). Revenons notamment sur la suppression partielle des droits de succession (paquet fiscal), idée souvent repoussée par « les libéraux » qui voient en cela un obstacle à la méritocratie puisque favorisant la reproduction des avantages de classes sociales. Sur l’Euro ensuite, NS ne cesse de réclamer un euro plus faible, passant sous silence les avantages de la puissance de la monnaie unique notamment lorsqu’il s’agit d’amortir l’inflation des matières premières au premier rang desquels le pétrole…
Je valide donc d’une certaine manière (même si nous n’avons pas les même solutions) le fait que la politique de NS soit une espèce de fourre tout idéologique à mi chemin entre démagogie constante et opportunisme grandissant. Si vous remontez dans les archives de ce blog vous y trouverez notamment quelques billets datés de la campagne présidentielle dans lesquels j’exprimais ma crainte à propos des solutions proposées par le candidat de droite.
Le discours se durcit quelque peu par la suite et je ne peux m’empêcher de me sentir visé par les quelques piques placées ici où là (narcissime du blogueur oblige :-))… Les blogueurs de droite « doctrinaires » sont de parfaits théoriciens qui ne voient pas le système vaciller. En ce point Nicolas se trompe puisque je ne cesse ici (je ne sais pas ce qui se passe ailleurs) de me questionner sur les dérives d’un système qui n’a d’ailleurs que très peu de similitudes avec les théories libérales. En affirmant cela, je pense notamment à la titrisation des dettes, ou à financiarisation des économiques (rentabilité avant investissement) et à la récente crise des subprimes qui a vu les banques centrales dédouaner complètement les fautifs en se portant garant d’un système de plus en plus pourri. Sur ce point là nous tombons une nouvelle fois d’accord.
Le débat se recentre ensuite sur l’empoignade actuelle autour du débat sur le financement des retraites. L’évolution actuelle des négociations conduira sans doute à une empoignade sociale dont nous avons le secret dans ce pays et verra s’affronter deux camps pourtant fondamentalement d’accord. A droite (nouvelle preuve s’il en est que la droite française ne mérite pas ce nom de « droite » mais plutôt « centre droit ») Xavier Betrand propose un plan de réforme principalement axé autour de l’allongement de la durée de cotisation. Nous baignons donc encore dans un système de retraite par répartition, celui la même qui prouve chaque jour un peu plus son inefficacité et qui continue à faire rêver les idéologues de gauche. A défaut d’autre chose, je me rallie donc à cette modification, et ce malgré le fait qu’elle me paraisse totalement insuffisante notamment au regard de ce qu’on d’ores et déjà réalisé nos pays voisins (la Suède étant sans doute celui qui a le mieux réussi sa mutation). Dans mon esprit le système entier devrait être revu et repensé selon les lignes empruntées par la Suède dont le modèle social se rapproche de ce qui existe en France aujourd’hui.
Pour le moment nous sommes donc dans l’impasse. A gauche (selon Nicolas) on lorgne sur les richesses (profits notamment et d'autres) pour financer ce système. Le plus drôle dans cette affaire c’est sans doute que ce soit lui qui considère que je sois trop théoricien. Car considérer dans un tel système qu’il doit être possible de financer les retraites par un prélèvement sur un je-ne-sais-quel pactole relève tout simplement de l’ignorance ou de la mauvaise foie. A moins qu’il s’agisse d’un doux rêve. Taxez les flux financiers et ces derniers fuiront la France. Le monde est ouvert, fluide et hyper réactif et la gauche est en train de se rendre compte (dans les paroles, nous verrons dans les faits) que le marché est désormais incontournable et que notre pays n’est qu’un pion dans le balais mondial. La concurrence y est désormais partout. Bas salaires, rentabilité des investissements, fiscalité, plus aucune décision politique ne peut être prise sans prendre en considération ce qu’est la situation en dehors de nos frontières. La politique du Robin des bois qu’apprécie tant la gauche n’a jamais fonctionné nulle part. Même poussée à son paroxysme communiste ce fut un cuisant échec.
Nicolas dit ensuite :
« Je résume donc : l’évolution de la société et les progrès technologiques font qu’il y a besoin de moins de travail pour produire ce dont on a besoin. Je me rappelle encore le temps où il y avait des pompistes pour remplir nos réservoirs de voitures et nos enfants se rappelleront le temps où il y avait des caissières dans les supermarchés ou des conducteurs dans les métros »
Ce paragraphe est avancé comme argument pour tenter de prouver combien le « travailler plus » est une « hérésie ». J’adhère pourtant au fond du propos avancé par Nicolas selon lequel « travailler plus » ne doit pas être un objectif de société. Nous entrons ici dans des considérations philosophiques dans lesquelles il nous faudrait spécifier ce qu’est le but d’une vie pour un individu et, bien plus complexe, pour une société. De tout temps la tendance générale fut donc de créer des richesses pour financer le développement des sociétés. Aujourd’hui par exemple il est nécessaire de prendre en compte le développement durable comme objectif de développement, la réduction de la consommation d’énergie, réduction des déchets, vous connaissez la suite…
Nous sommes donc toujours dans une logique de développement, logique mise parfois à mal par les déviances d’un système dicté par des actionnaires peu scrupuleux il est vrai.
Là où le raisonnement de Nicolas est en revanche faussé c’est lorsqu’il il affirme que le travailler plus s’oppose à toute notion de progrès. En citant les métros, les caisses automatiques ou je ne sais quel autre ordinateur coupable d'avoir remplacé la bonne vieille secrétaire ou caissière, Nicolas omet de préciser que l’imagination, la production, le paramétrage, la mise en route et le suivi de ces même caisses automatiques ou encore des métros nécessitent autant si ce n’est plus de main d’œuvre que tout cela réalisé manuellement. Qui osera admettre aujourd'hui que l'industrie informatique ne génère pas plus d'emplois et de CA que les emplois qu'il a détruit par le progrès technique ? En revanche, ce qu’il pointe du doigt sans le vouloir c’est le cœur du principe de mondialisation. L’application concrète des théories de Marx au niveau mondial. D’un côté les pays producteurs, la force de travail (et sa dureté) et de l’autre l’innovation, le management, la création.
Dans ce modèle le travail ne tue pas le progrès mais le crée, l’innovation ne tue pas des emplois mais en crée de nouveaux ici ou ailleurs.
Je n’embrasse aucune théorie, en tout cas pas plus que ceux qui ne cesse de crier à la révolution en prescrivant de biens hypothétiques médicaments. (Prendre ici pour donner là…) Je l’affirme ici, je l’affirmais hier et je l’affirmerai encore, ce système est basé sur un déséquilibre constant c'est un fait. Il peut y avoir d’enrichissement aussi important ici sans exploitations abusives là-bas. Hier c’était l’Asie du Sud Est, aujourd’hui c’est la Chine demain l’Afrique... Mais ce que je sais également c’est que le tourbillon capitaliste crée à long terme les conditions d’un développement social notoire. Le capitalisme n'est pas le meilleur système loin de là, mais il est le moins pire de tous ceux inventés par l'homme.
Aujourd'hui, nous sommes pourtant bien face à de sérieuses complications structurelles qu’il faudra prendre en compte en infléchissant notre modèle économique sans quoi la sortie de route financière ou productive sera inévitable.
Alors électeur de droite oui, pauvre théoricien captivé par le pognon si tu veux, libéral contre « pauvre gauchiste »… s’il est nécessaire de se caricaturer pour se comprendre et s’écouter pas de soucis. Je sais en quoi je crois et j’essaie de le défendre sans pour autant considérer que mon voisin est forcément un con.

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