Le VIH est transmis le plus souvent via le sperme qui contient des fragments de protéines appelées fibrilles amyloïdes. Ces fibrilles peuvent multiplier l’infectiosité du VIH par jusqu’à 10.000 fois, en aidant le virus à se lier à la membrane des cellules humaines. Les thérapies capables de réduire les niveaux de fibrilles amyloïdes dans le sperme pourraient donc réduire la transmission du VIH. C’est la proposition et la stratégie de cette équipe de la Perelman School of Medicine de l’Université de Pennsylvanie. Il s’agit ici d’une » pince moléculaire » qui va rompre fibrilles amyloïdes dans le sperme et réduire ainsi le risque d’infection. Conclusions dans la revue eLife.
Le Pr James Shorter, professeur agrégé de biochimie et de biophysique et son équipe ont suivi 2 approches.
- La première approche, décrite dans la revue Chemistry & Biology consiste à utiliser une protéine de levure appelée Hsp104 pour attaquer fibrilles amyloïdes. Hsp104 a été modifiée de manière à interagir avec une enzyme, le tout entraînant une réaction capable de dégrader les fibrilles amyloïdes du sperme.
- La seconde approche, décrite dans la revue eLife, utilise aussi une petite molécule qui perturbe les amyloïdes dans le sperme qui favorisent l’infection à VIH. Cependant, cette molécule, appelée CLR01, attaque aussi le virus lui-même. CLR01 est » en forme de pince » va couper les fibrilles déjà existantes et empêcher d’autres amas de se former. Mais CLR01 empêche aussi les particules de VIH d’interagir avec des fibrilles. Ainsi, avec CLR01, des cellules humaines exposées à du sperme infecté par le VIH sont 100 fois moins susceptibles d’être infectées par le virus. Enfin, l’activité antivirale de CLR01 est basée sur la façon dont elle communique sélectivement avec et détruit la membrane virale. CLR01 n’a aucune incidence sur les autres membranes cellulaires.
CLR01, un potentiel thérapeutique considérable : CLR01 serait également efficace contre d’autres virus à enveloppe, dont les virus de l’hépatite C, le cytomégalovirus humain et le virus de l’herpès simplex, les virus grippaux ou Ebola, suggèrent enfin les auteurs. Ajoutons aussi les troubles neurodégénératifs tels que la maladie de Parkinson ou l’Alzheimer caractérisés également par ces agrégats de protéines. » CLR01 a un potentiel considérable pour réduire la transmission du VIH et d’autres maladies virales sexuellement transmissibles « , concluent les auteurs suggérant que la molécule pourrait être incorporée en toute sécurité dans un gel vaginal ou anal pour prévenir l’infection à VIH.
Prochaine étape, évaluer l’innocuité et l’efficacité de ce composé chez le primate.
Source: eLife Aug, 2015 A molecular tweezer antagonizes seminal amyloids and HIV infection (Visuel “CLR1 détruit les fibrilles (à droite)”@ James Shorter, Ph.D., Perelman School of Medicine, University of Pennsylvania)