Aytré (17) : baignade interdite, mystère et déjections de mouettes

Publié le 19 août 2015 par Blanchemanche
#pollution #baignade #bactéries
Publié le 19/08/2015 par Claire Bargelès

La baignade est une nouvelle fois interdite dans l'anse de Godechaud. Et les résultats des dernières analyses sont plutôt surprenants


Goélands et mouettes pourraient être responsables de la pollution de l’eau.© ROMUALD AUGÉ
Avec leurs petites pattes palmées, les mouettes cavalent sur l'estran d'Aytré. Attirées par la vie aquatique riche de la vasière, elles viennent picorer les mollusques qui se cachent sous les algues. Aujourd'hui, la plage leur appartient : le drapeau rouge hissé au-dessus de l'anse de Godechaud empêche en effet les baigneurs d'aller à l'eau. Pour quelles raisons ? Et bien, les mouettes justement. Elles seraient peut-être à la source de la pollution qui a contraint la Mairie à interdire la baignade.
Jusqu'à présent, l'apparition régulière de bactéries Escherichia coli, présentes dans les matières fécales, dans l'eau de la plage du Platin-Nord restait un mystère. Le secteur est sensible, du fait de la topographie de la baie : plate et fermée sur elle-même, elle ne permet pas à l'eau de circuler facilement.

Les animaux suspectés

Reste à trouver la source de ces bactéries. Une énigme que même le ministère de la Santé ne parvient pas à résoudre.Sur son site qui répertorie les qualités des eaux de baignades, Aytré est toujours suivie de l'étrange message : « source de la pollution : origine inconnue. »Depuis quelques jours, ce sont les animaux qui sont suspectés par la Ville d'Aytré. « Après de mauvais résultats qui nous ont conduits à fermer la plage, nous avons envoyé des échantillons dans un laboratoire spécialisé », indique le maire, Alain Tuillière. « Et il semblerait qu'il s'agisse de matières fécales d'animaux et notamment d'oiseaux ».Confronté au problème depuis plusieurs années, le maire reste néanmoins méfiant : « C'est une piste qui reste à confirmer, mais le mystère de la plage d'Aytré pourrait peut-être bientôt être élucidé ».

Des résultats étonnants

À la Ligue de protection des oiseaux (LPO) de Charente-Maritime, un tel résultat surprend. « Il serait très étonnant que cette pollution soit due aux oiseaux marins, qui sont moins nombreux dans la baie en été par rapport au reste de l'année.À notre connaissance, une telle situation ne s'est jamais produite », souligne Julien Gonin.Le chargé d'étude naturaliste ne comprend pas que ce phénomène touche uniquement Aytré : « Sur la baie de l'Aiguillon ou la baie d' Yves, les populations aviaires sont beaucoup plus importantes grâce aux réserves naturelles. »Selon la LPO, alors que près de 30 000 oiseaux de mer viennent s'alimenter en été sur la vasière, ils ne sont pas plus de 200 à Aytré. « Et pourtant, les mytiliculteurs qui font des analyses régulières ne constatent pas de pollution », conclut Julien Gonin.

Critères strictes

Pour autant, ces zones à forte concentration aviaire ne disposent pas de plages surveillées, et ne sont donc pas soumises aux mêmes contrôles de qualité des eaux. « Les zones de baignade répondent à des critères stricts, qui sont différents de ceux des conchyliculteurs », précise Alain Tuillière.Et depuis 2014, du fait de l'application d'une directive européenne, ces normes sont d'autant plus exigeantes et les seuils concentration de bactéries ont été revus à la baisse. Des échantillons ont été envoyés la semaine dernière au laboratoire en vue d'analyses complémentaires. Les résultats sont attendus en fin de semaine.Si les mouettes étaient en cause, il semble difficile d'imaginer une solution pour les empêcher de se soulager sur la plage, elles qui sont le fier symbole du département.Les autres pistes de pollutionL’interdiction de la baignade sur la plage d’Aytré est un véritable serpent de mer : chaque année, le drapeau rouge est hissé plusieurs jours de l’été. Les maires successifs ont tenté de trouver la cause de ce mal récurrent, jusqu’à présent sans succès.Les eaux urbaines et leur ruissellement vers la mer ont un temps était une piste. « Mais nous avons entrepris des travaux depuis une dizaine d’années, avec la Communauté d’agglomération, en vue de réviser les mesures d’assainissement et de créer une station de lagunage », affirme le maire d’Aytré, Alain Tuillière. Des tests ont aussi été effectués auprès du camping, sans résultat concluant.Depuis quelques jours, la suspicion plane au-dessus du centre équestre qui se situe à quelques mètres de l’anse. Les analyses de l’eau auraient permis de détecter, outre les déjections aviaires, une faible présence de matières fécales d’équidés. Une piste que réfute Patrick Pignon, gérant de La Petite écurie : « la pollution était déjà détectée il y a plus de vingt ans, avant même que l’on s’installe avec nos chevaux ». Et de conclure, résigné : « Je pense qu’on n’est pas près de trouver la clé de l’énigme. »