Un arbre mexicain au Jardin des Plantes pour la visite d'État du Président mexicain en France

Publié le 16 juillet 2015 par Slal


Paris, le 16 juillet 2015

L'ahuehuete du Museum National d'Histoire Naturelle

C'est à l'occasion de la visite d'État du Président des États-Unis du Mexique, Señor Enrique Peña Nieto, qu'ont été offerts quatre Taxodium mucronatum à la France. L'un d'entre eux a été planté dans une atmosphère très cordiale au Jardin des Plantes lors d'une brève cérémonie qui a réuni autour des responsables du Museum, Madame Ségolène Royal, ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie, et Monsieur Juan José Guerra Abud, ministre mexicain de l'environnement et des ressources naturelles.

L'ahuehuetl (du nahuatl atl : eau et huehuetl : vieux) a été proclamé l'arbre national du Mexique par le président Álvaro Obregón en 1921, lors de la célébration du centenaire de l'Indépendance. Comme un certain nombre de végétaux, il revêtait une valeur spéciale pour les dirigeants aztèques dans la mesure où sa longévité symbolisait la pérennité de leur pouvoir dans ce Mexique central dont ils n'étaient pas nécessairement originaires, eux qui revendiquaient pareillement un passé de nomades dans les terres désertiques du nord (in chichimecapan, in teutlalpan). Métaphoriquement assimilés à l'arbre, les seigneurs se posaient ainsi comme étant à l'origine (l'eau) du peuple et son protecteur évident (le quotidien transcendé). On ne s'étonnera donc pas que des branches d'ahuehuetl entrassent dans les rituels mis en place à l'occasion de la grande fête Panquetzaliztli. Elles servaient à protéger l'eau lustrale transportée par les anciens et censée faire des captifs étrangers des Aztèques dignes d'être sacrifiés au dieu Huitzilopochtli. Ils contribueraient de la sorte au maintien de la vie de l'humanité tout entière.

Comme son nom l'indique, l'arbre pousse dans des lieux où l'eau ne manque pas, près des marais, des ruisseaux et des sources. Il peut mesurer jusqu'à 40 mètres de haut et son tronc, fait d'écorces fissurées en longues bandes marron grisâtre, atteint parfois une circonférence de 45 mètres, comme le célèbre árbol de Santa María del Tule dans l'État de Oaxaca, âgé de plus de 2,000 ans. Un véritable patrimoine de la Nation.

La symbolique de l'arbre a été soulignée par chacun des discours présentés pour l'occasion. D'un point de vue diplomatique, on s'accorda à reconnaître que les relations entre le Mexique et la France n'ont jamais cessé d'évoluer à un niveau souvent remarquable, quelles qu'aient pu être les vicissitudes nées de l'Histoire, ou de la petite histoire. Bref, les vœux ont été formés de toute part pour que cette amitié multicentenaire dure encore au moins aussi longtemps qu'un ahuehuetl bien né.

Il faut dire que les échanges intellectuels et scientifiques ont toujours été intenses entre les deux pays. Les accords bilatéraux ne situent-ils pas les programmes consacrés à la recherche et à l'enseignement en bon rang dans les discussions ? Le flux des étudiants mexicains vers la France n'est-il pas constant depuis des décennies tandis que les jeunes de l'hexagone semblent toujours plus séduits par les possibilités offertes par les universités, les grands instituts, les terrains mexicains ? Le Museum tient sa part dans ce mouvement et sa participation aux recherches portant sur l'environnement y contribue fortement. Les ministres ont souligné à quel point les deux pays s'étaient engagés de manière résolue dans la défense du futur de la planète, décidés plus que jamais à faire de la COP21 de la fin de l'année une réussite nécessaire. Leur position réciproque dans la géographie de leur zone d'intégration politique les pousse à agir en ce sens.

Ne doutons pas que tout sera fait pour que, d'où qu'on le considère, l'arbre du Jardin des Plantes ne manque jamais d'eau, pour qu'il conserve intactes ses facultés à supporter, et pourquoi pas éviter, les effets dramatiques des changements climatiques qui menacent aujourd'hui l'humanité, pour qu'il croisse sereinement au cours des siècles à venir, pour que les visiteurs puissent continuer à lire dans le futur éloigné ce qui est désormais inscrit sur la petite plaque fichée en pleine terre au pied du jeune "vieillard" : Taxodium mucronatum, don du Mexique, planté le 16 juillet 2015.

Dominique Fournier : texte et photographies

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