Avec le temps, le fil blanc des discours est devenu facile à déchiffrer pour les journalistes, même pour le simple citoyen et la politique n'est devenu (n'a toujours été?) qu'un affaire d'impressions.
Thomas Mulcair et Justin Trudeau veulent tous les deux montrer aux voteurs qu'ils sont l'homme de la situation. La meilleure alternative pour remplacer Stephen Harper. Mulcair a le Québec dans ses plates bandes et ce n'est pas pour rien que dès les premiers jours de la campagne, le gros Stephen traînait par chez nous. Mulcair sait que ses acquis sont presqu'exclusivement dans l'Est du pays. C'est à Toronto, quand les sondages se sont montrés trop favorables envers Mulcair en juin dernier, que celui-ci a livré un discours qui se voulait rassurant sur l'économie. Pas trop dans l'Ouest, ce qui aurait pu éveiller l'hostilité des pro-Conservateurs, mais aussi là. en Ontario, où l'économie tient ses plus gros joueurs et où il y a beaucoup à gagner pour quiconque finira Premier Ministre au bout de la ligne.
Tous les candidats ont besoin de convaincre dans les prochains mois.
Justin, plus que quiconque se sentant glisser dans les sondages, a tout simplement proposé, à la même période en juin, des changements sur à peu près tout.
Il n'y aucun doute que l'enthousiasme précoce autour de Justin Trudeau carburait à la nostalgie de son père et sa longue tenue au poste de Premier Ministre. Justin et son équipe, le savent. Il n'hésite pas à sortir le nom de Pierre Eliot quand il croit que ça peut nuire à Harper. Et il le fait scrupuleusement, car d'emblée, Pierre Eliott est un grand ennemi de L'Ouest. (plus là-dessus, demain).
"Ce n'était pas comme ça avant. Je le sais par expérience. Je n'ai qu'à penser à l'époque de mon père. Comme Premier Ministre il pouvait être dur et sévère (...) mais pour illustrer un exemple de son époque, les ministres ne s'attaquaient tout simplement pas à la cour suprême simplement pour aller chercher un peu plus d'argent et créer un réseau partisan. Ceci aurait été impensable! Mais avec Stephen Harper, il s'agit d'un journée normale au bureau." a dit Justin avec son ton agressant habituel rappelant le ton de son père.
Ce doute potentiellement positif est inexistant chez Mulcair. Il faut donc s'appliquer à construire des ponts avec ceux qui voudraient voter pour lui.
Voici un extrait d'un de ses discours récent:
"Mes croyances et mes valeurs me viennent de mon éducation. L'histoire de ma famille est celle de millions de citoyens canadiens. J'ai grandi le deuxième d'une famille de 10 enfants. Nous devions travailler fort pour obtenir tout ce que nous voulions, très jeune. Ce n'était pas toujours facile. Nous travaillions fort obéissant toujours aux règles, se débrouillant avec ce que l'on avait. On a vite appris à se soucier les uns des autres, à veiller l'un sur l'autre dans les bons moments comme dans les moments difficiles. Ce sont les valeurs qui m'ont guidé sur 35 ans de vie politique au Québec."
Voyez les constructions des discours?
Justin pige chez son père et utilise des images et des références connues.
C'est Quentin Tarantino (il serait content de la comparaison).
Thomas construit une histoire, petit à petit. bâtit un imaginaire.
C'est Jean-Marc Vallée.
Ils veulent tous les deux rassurer les inquiétudes à leur manière.
Le premier en parlant de son père.
Le second en tentant de faire naître Mulcair dans les imaginaires.